Les Filles de Cùchulainn
Jean-François Chabas
L’école des loisirs (médium), 2013
Cheval, Irlande et cryptophasie
Par Anne-Marie Mercier
Jean-François Chabas a le talent rare de faire chaque fois un livre différent, dans un thème qu’il n’a pas abordé, un lieu autre, et de réussir chaque fois ce pari.
Histoire de bruit et de fureur, de colères, d’amour, de mutisme, de vent, de mer, et enfin de cheval, ce livre est tout cela, porté par une belle écriture. Quant à l’histoire, elle est difficile à résumer tant elle est dans l’atmosphère et dans la beauté de certaines scènes, la drôlerie d’autres ou tout simplement la poésie des éléments. Disons en deux mots que Mary l’institutrice, narratrice du récit, et son mari, pêcheur d’une île irlandaise, ont acheté un magnifique cheval de trait, borgne, qui refuse de travailler. Que Mary accouche de jumelles après la mort de son mari et que ses filles ne communiquent qu’entre elles d’une langue inventée (cryptophasie ou idioglossie – voir Y Lebrun, « Cryptophasie et retard de langage chez les jumeaux« ) et développent une relation étroite avec le cheval. La solitude de Mary, le village avec ses superstitions et ses commérages, le contexte irlandais des années 1920 (débuts de l’indépendance et luttes incessantes), l’attaque de l’île par des pillards… tout cela tient dans ce petit roman (111 pages), et tient bon.




« Un jour je suis mort » : un titre accrocheur que cette phrase découverte par Youmi sur la page de garde du journal intime de son copain Jaijoun, mort deux mois auparavant dans un accident de moto. La maman de ce dernier n’a pas eu la force de lire le cahier bleu et le lui a confié. L’intérêt du roman tient surtout dans la découverte, au fil des semaines, des réactions de Youmi, une adolescente écorchée vive, pétrie de culture coréenne mais aux préoccupations finalement très semblables à celles des adolescentes européennes.
Dans ce beau roman, une jeune fille découvre son propre trouble en visitant une exposition (« Eugénie Grandet » vue par Louise Bourgeois) et en parcourant le roman de Balzac. Dans une deuxième partie, c’est La Cerisaie de Tchekhov qui est au centre de l’intrigue et des préoccupations… Autant dire que ce roman ravira les « médiateurs culturels » et les amoureux de la culture et qu’il ne fait pas rimer réalisme avec misérabilisme. Certains pourraient lui reprocher d’être un peu « élitiste-parisien », de montrer des vies et un cadre peu communs pour l’ensemble de la population. Oui, et alors? ça change au moins du monde des vedettes,champions, malfrats et stars qu’on propose sans état d’âme.
« Milliardaires à 22 ans en travaillant la nuit, en mangeant des pizzas et en écoutant du Heavy Metal »… cette formule de la quatrième de couverture résume bien le parcours de John Romero et John Carmack, de 1979 à 2001. De leur découverte des jeux d’arcade – et de l’inquiétude de leurs parents – à leurs premiers essais pour transférer des jeux (comme Mario) de console sur PC, à l’invention du FPS (l’un des types de jeux les plus populaires), jusqu’à la réussite de Id software et la célébrité de jeux comme Wolfenstein, Doom et Quake.