La Conquête de l’espace, vol.1 : le château des étoiles

La Conquête de l’espace, vol.1 : le château des étoiles
Alex Alice
rue de Sèvres, 2014

Les espaces infinis

Par Anne-Marie Mercier

lechateaudesetoilesAvec cette bande dessinée qui couvrira plusieurs volumes, les éditions rue de Sèvres (c’est-à-dire la branche bandes dessinées de l’école des loisirs) se lance dans une entreprise qui les hissent à la hauteur des grands: l’objet est tout d’abord superbe, avec une couverture raffinée, à l’ancienne, et une impression sur papier fort qui met en valeur toutes les nuances des dessins aquarellés. La technique du dessin mélange plusieurs styles, ligne « claire », hyperréalisme, crayonnés ; les personnages bénéficient de traitements différents, ce qui introduit une bizarrerie, à laquelle on s’habitue vite, porteuse de signification.

L’histoire ne manque pas non plus d’ambition, mettant en scène la grande histoire en la personne du roi de Bavière Ludwig et sa cousine l’impératrice d’Autriche, connue sous le nom de Sissi. On passe dans des décors somptueux de forêts, de château étrange et labyrinthique, et on s’envole dans de drôles de machines.

Les personnages inventés reprennent des caractéristiques classiques des héros de romans d’aventures : une femme disparue mystérieusement, son mari, un savant quelque peu renfermé mais ferme sur ses principes, un fils courageux et sensible, d’autres enfants, pauvres et hardis, dont une fille, des espions sinistres et sans pitié qui tentent de découvrir le secret emporté par la mère du garçon, et complotent contre le roi, et surtout de merveilleuses machines volantes et un rêve d’aile qui emporte tout.

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De cape & de mots

De cape & de mots
Flore Vesco
Didier Jeunesse 2015

Entre le Bossu et Fantômette

Par Michel Driol

decapeSerine, jeune demoiselle noble sue’une famille désargentée, la quitte clandestinement à la mort de son père pour devenir demoiselle de compagnie de la reine. Une reine tyrannique, capricieuse, qui adore humilier et châtier. A la cour, Serine découvre l’étrange comportement du secrétaire du roi, atteint d’une maladie bizarre. Elle découvre aussi de drôles de bourreaux – plus humains que certains des courtisans. Disgraciée, elle se fera passer pour le fou du roi, ce qui lui permet de tout dire, avant d’épouser le fils du roi à l’issue d’un procès mémorable.

Ce roman est un excellent pastiche féminin des romans de cape et d’épée, dans lequel la parole s’avère être une arme redoutable. Le personnage de Serine, à la fois drôle et touchant, incarne avec fougue l’impertinence d’une ado de 17 ans. Elle invente des mots – et comme dans le roi est nu, les puissants font semblant de les connaitre. Elle enquête, découvre un complot, et échoue près du but, faute à une malice du destin. La narration est enjouée, pleine d’humour décalé, et créé un univers carnavalesque dans lequel on se moque des puissants et de leurs travers, en les caricaturant. Le rire, la langue bien pendue, l’irrévérence deviennent alors des armes redoutables pour dire le monde.  Ce royaume imaginaire ressemble finalement, par bien des côtés, à notre société.

Un premier roman qui augure d’une longue carrière, on l’espère pour l’auteure !

Intemporia Le Trône du prince

Intemporia – Tome 2 : Le Trône du prince
Claire-Lise Marguier
Rouergue 2015

Une longue marche aux nombreux périls 

Par Michel Driol

intemporia-2On avait lu et apprécié le Tome 1 (notre chronique est ici). Voici la suite… Dans la communauté de la Plaine, Yoran est devenu père de deux fillettes. Mais il décide de repartir, avec trois amis,  retrouver les rebelles hors de la protection du bouclier, afin d’essayer de sauver le peuple des pouvoirs accrus qu’il a donnés à la reine. Tout a empiré, l’armée se montre de plus en plus agressive. La poignée de rebelles, autour du fils de la reine, Tadeck, retrouve dernier descendant de l’ancien roi, et tente de l’emmener dans une cité aux confins du royaume, essayer le siège du roi, afin de voir s’il est l’héritier attendu. Marches épuisantes dans des déserts, traversées de montagnes enneigées, combats acharnés, ce volume raconte le trajet de la troupe jusqu’à la cité fantôme de Terendis.

L’épopée continue, avec tous les codes de l’heroic-fantaisie : pouvoirs étranges de ceux qui ont le « sceau », trône reconnaissant l’héritier, paysages sauvages et cités, autrefois splendides, désormais à l’abandon, lac de pierre au milieu desquelles est cachée la pierre magique. Le lecteur continue sa découverte du royaume, monde imaginaire aux noms exotiques et poétiques : Terendis, Estanguil, Cabrestan… Les combats se multiplient contre une armée de plus en plus nombreuse. Yoran, qui a muri depuis le premier tome, ne se bat plus simplement pour lui et sa famille, mais pour le peuple tout entier, pour tenter d’expier sa faute. Il fait l’expérience douloureuse de la mort d’amis, et prend de plus en plus de l’ascendant sur les rebelles : c’est désormais lui qui prend les décisions importantes. Tadeck reste fidèle au personnage de l’ami parfait et sage, prévoyant tout, mais on le sent de plus en plus menacé. Au-delà de l’épopée, l’un des intérêts de ce roman est de montrer les relations humaines au sein du groupe d’insoumis et les doutes et les fragilités qui minent les héros, de mettre en évidence les valeurs qui les forcent à agir et à faire des choix.

Près de 400 pages pour ce deuxième volume qui se lisent d’une traite. Si l’on peut anticiper sur le contenu du dernier tome, la victoire et la restauration de l’ordre et de la prospérité, on s’interroge désormais sur le destin de Tadeck.

Les Mésaventures de Noisette

Les Mésaventures de Noisette
Chris van Allsburg
Traduit (anglais) par Isabelle Reinharez
Ecole des loisirs, 2015

Roman d’éducation

Par Anne-Marie Mercier

Tout petit(eLes Mésaventures de Noisette?), déjà, Noisette le hamster a du caractère : dans l’animalerie il refuse de se faire adopter, puis finit par se laisser faire, imitant ses amis disparus les après les autres dans les bras de charmants bambins. Hélas, comme il l’avait deviné, l’enfance n’est pas un vert paradis pour les bestioles : délaissé pour un nouveau jouet (un ordinateur, bien sûr), donné à qui veut, terrorisé par d’autres animaux « de compagnie », habillé comme une poupée, roulé dans une balle, chassé par une mère hamsterophobe, exposé dans une cage à l’école, puis oublié dans la rue en plein hiver… il finit enfin par trouver, grâce à la complicité d’un écureuil, la liberté à laquelle il a toujours aspiré : l’histoire, un peu noire, finit bien… pour lui.

Portrait grinçant des comportements des enfants vis-à-vis des animaux qui leurs confiés, cet album est une leçon à méditer pour ceux-ci. Mais le caractère de la fable est atténué par l’humour des dessins, leur aspect dramatique, avec un usage de points de vue saisissants (plongées, gros plans…), et un trait et un usage de couleurs un peu passées sur un fond crème de papier à effet buvard. Tout ceci évoque les albums pédagogiques d’antan qui n’y allaient pas par quatre chemins pour tancer les garnements, tout en se délectant de leurs fantaisies et de l’infinie variété des « bêtises » à inventer.

Les Histoires d’Amadou: vol.1, L’Opinel

Les Histoires d’Amadou: vol.1, L’Opinel
Alexis Peyri, Suzi Pilet
La Joie de lire, 2013

Indémodable Opinel

 Par Anne-Marie Mercier

Paru aux éamadou_opinel_web_carre_200ditions du Cerf-volant en 1951, cet petit bijou a reparu à La Joie de lire en 2013, sans modification en dehors de la couverture, suivi d’autres volumes des Histoires d’Amadou Cela donne, comme le dit la préface, un texte un peu décalé et peu « politiquement correct » ( rien de bien grave…), mais charmant.

Les photos en beau noir et blanc de Suzy Pilet étaient à cette époque àopinel2 l’avant garde, présentant un personnage de poupée de toile dans des décors réels. L’histoire est rêveuse et fantaisiste, montrant Amadou d’abord comme un petit garçon ordinaire mais un peu fantasque et obstiné, puis suivant son périple, suspendu à des ballons gonflés à l’hélium et traversant la France jusqu’à la mer. La langue est soignée, un peu désuète (ah, l’imparfait du subjonctif !). Un régal.

L’Odyssée d’Outis

L’Odyssée d’Outis
Jean Lecointre

Thierry Magnier, 2013

Mythique photomontage

Par Dominique Perrin

odyL’Odyssée d’Outis a reçu la “pépite” de l’album à Montreuil il y a de cela une éternité (en 2013) : la bonne nouvelle annoncée ici est que ce faramineux ouvrage n’a pas perdu de son éclat dans cet intervalle – pas plus que depuis l’antiquité dont il semble sorti en trombe, tout patiné et chevauchant une grande vague méditerranéenne. C’est un chef-d’oeuvre d’humour visuel – télescopant les plus beaux visages de marbre des dieux grecs, les maillots de bain et costumes masculins les plus stylés et le casque aveugle de bioman –, et textuel – associant les vertus du résumé le plus sommaire à un art consommé du dialogue (voir la première page d’exposition téléphonique où Outis parie avec son fils et sa femme qu’il arrivera avant eux à la gare de Lyon où il doit les accueillir à leur retour de vacances en Grèce). C’est bien “toute” la mythologie qui est là (ou presque), dans ses rebondissantes extensions (à de nombreux épisodes de L’Odyssée proprement dite se mêlent allègrement quelques autres tout aussi dignes de revivre), et dans sa merveilleuse fraicheur.

TYPOS, tome 2 Poison noir

TYPOS, tome 2 Poison noir
Guido Sgardoli
Flammarion 2014,

 

 De jeunes étudiants en journalisme  s’attaquent  aux multinationales de l’agroalimantaire

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

  Nous retrouvons la bande de jeunes étudiants en journalisme  qui, cette fois,  décide de comprendre comment et pourquoi la planète est menacée par un poison noir, une micro bactérie qui détruit les récoltes, les  agriculteurs sont ruinés,  et vendent leurs terres à bas prix, à  la même multinationale, spécialiste en désinformation Klab,  et Agrogen, une puissante entreprise agroalimentaire prétend,   comme par hasard,  avoir trouvé l’antidote. La famine menace des régions entières.  L’auteur nous rappelle que Harlequin,  Dusker,  Gipsy, Morph ont créé clandestinement l’équipe de Typos qui  s’est donnée une mission « se battre pour la vérité et contre KLab, la multinationale qui domine Maximum City ». Pour cela,  ils ont créé un journal clandestin. Ils ont pour but aussi de  permettre au père  d’ Harlequin, Seth,  de revenir sur terre. En effet, il avait dû s’exiler volontairement sur un satellite pour avoir la vie sauve car il s’était déjà attaqué à Agrogen.

 On a donc de nombreux  ingrédients  faits pour plaire aux jeunes :  une ambiance de campus américain, une équipe de jeunes soudés par un passé douloureux, (Gipsy a perdu ses parents et la sensibilité, Harlequin est séparé de son père),  un zeste de  films de James Bond, en effet,  ils utilisent des gadgets  hyper-sophistiqués, une montre qui détecte les mensonges, un camping-car suréquipé de  matériel de haute technologie, ils surfent sur internet et tous  les réseaux, un peu de  séries Mac Guyver, car ils sont très débrouillards et enfin, beaucoup d’héroïsme, une lutte à mort contre les méchants pour sauver l’humanité. Les méchants  sont  très méchants, très cyniques, ils créent des épidémies et tuent  des populations entières pour faire des expériences, ils affament la planète pour s’enrichir. La police et les hommes politiques sont corrompus, la ville est sale et polluée, seuls émergent de ce monde noir  qui ressemble à une caricature du nôtre, l’intelligence et le courage des Typos.

Un récit bien mené et un ultime rebondissement qui annonce le tome 3.

Les A.U.T.R.E.S


Pedro Mañas

Traduit (espagnol) par Anne Calmels
La Joie de Lire, 2012

Société secrète

par François Quet

Les-A.U.T.R.E.S-Pedro-ManasIl suffit d’une visite chez le médecin pour basculer d’un monde dans l’autre. Hier vous étiez le plus normal des petits garçons, aujourd’hui, avec un bandeau sur l’œil droit, parce que l’ophtalmo juge le gauche paresseux, vous voici, pour les copains qui jusqu’ici vous aimaient et vous respectaient, Œil-de-Cobra ou Franz-Œil-mort.

Mais Les A.U.T.R.E.S. ne raconte pas seulement l’histoire d’une discrimination. Il suffit de regarder autour de soi dans la cour de récréation, pour voir que tout le monde est différent : celui-ci bégaie, celui-là est trop bon élève, une autre est affligée d’un appareil dentaire, etc. On a toujours de bonnes raisons de ne pas être dans la norme. Dans ce roman tonique et porté par une belle indignation, les rejetés de l’école se reconnaissent, se serrent les coudes, et fondent une société secrète qui les conduira à la victoire : la dignité retrouvée, une visibilité assumée et respectée.

Plutôt que de s’attarder sur la méchanceté des enfants entre eux qui conduit à l’ostracisation de quelques uns, Pedro Mañas raconte, avec le plus grand sérieux, les réunions et l’organisation de cette armée secrète, supposée défendre les plus menacés. Inutile d’insister sur sa puissance de frappe : un exemple suffit. Et d’ailleurs les plus odieux des gens normaux ne sont-ils pas, eux aussi, secrètement affaiblis par d’inavouables tares. Alors « …que tous ceux qui en ont assez se rassemblent ! ». L’essentiel est là : dans ce double plaidoyer pour l’acceptation des différences et pour la solidarité et l’action.

Bien plus qu’une réflexion sur le handicap, le livre offre une déclinaison de toutes les figures possibles d’anormalité. Le héros si parfait, si conforme (jusqu’au traitement qui lui donne une tête de pirate) forme avec sa sœur un joli couple antithétique, puisque celle-ci en a assez de passer pour la dingue de la famille : « Dans le fond on est tous anormaux. Sinon… comment pourrait-on nous différencier ? ».

Le livre se termine par une invitation: les Anormaux Unis Très Rarissimes Exceptionnels et Solitaires ont besoin du lecteur. À lui, donc, de prouver qu’il est aussi anormal que tous les autres. Et le S de A.U.T.R.E.S. ne signifiera plus jamais Solitaires, mais Superdoués ou Surprenants.

 

 

Princesse Lulu et monsieur Nonosse

Princesse Lulu et monsieur Nonosse
Piret Raud

Traduit (estonien) par Jean-Pascal Ollivry
Rouergue, 2014

Le secret de mon père

par François Quet

6049 Quel livre sympathique, inattendu et drôle ! Tout commence par la rencontre entre Lulu, la petite princesse d’un royaume ordinaire (comme il y en a des dizaines sans doute dans la littérature pour la jeunesse) et de M. Nonosse, un squelette habituellement installé dans le placard du roi, où il surveille scrupuleusement le coffret que lui a confié le souverain.

Que se passe-t-il ensuite ? D’abord (et surtout) un véritable roman d’aventure, avec des disparitions, des enlèvements et des séquestrations, une enquête policière, des quiproquo et des méprises qui pourraient être fatales, des masques et des travestis, des poursuites, des évasions et pour finir des arrestations. Bref, le lecteur est tenu en haleine pendant un peu plus de 200 pages et s’il a hâte de connaître la fin de l’histoire, il ne peut que la voir arriver avec tristesse. On n’a vraiment pas envie que le livre s’arrête. Ce n’est pas une mince qualité que de savoir raconter ainsi, pour de jeunes enfants, un récit aussi échevelé.

Mais comme le titre le suggère (et comme la couverture l’annonce également), les aventures de la Princesse Lulu et de son compère le squelette, si prenantes soient-elles, sont tout à fait extravagantes, c’est-à-dire qu’elles nous éloignent de notre univers raisonnable et nous invitent au contraire à divaguer dans un monde aussi improbable que farfelu. Un squelette n’est pas un fantôme, c’est un squelette, quoi de plus naturel ?.  Déguisé en femme, le visage ceint de bandelettes comme celles de l’homme invisible et les yeux cachés par une voilette, l’anomalie de sa présence en ville passerait presque inaperçue, si un chien amateur de tibia ne croisait son chemin, et les deux héros ne se sortiraient pas du piège dans lequel un clochard irascible les a fait tomber, si une arête de poisson, courageuse et obstinée, n’entrait pas en scène. On voit que j’ai du mal à rendre compte d’une intrigue assez peu cartésienne ! Il serait certainement plus facile de parler de l’univers très ordonné du palais royal où Lulu aurait pu continuer à exister sagement, normalement, avec Madame la reine, sa gouvernante Mlle Jacinthe, les gardes et les repas à heures fixes. Seulement voilà, il a suffi d’un tube de dentifrice à l’oignon pour qu’on sorte des cadres établis et qu’un vent de folie souffle sur le royaume.

Reste à parler du secret du roi, celui sur lequel veille M. Nonosse et que je ne trahirai pas ici. Tout au long de ma lecture, j’ai bien cru qu’il s’agissait d’un Mac Guffin, un de ces prétextes mobilisés par Hichcock pour inspirer des actions trépidantes, un prétexte dont tout le monde se moque, parce qu’au fond et au bout du compte, il n’a pas vraiment d’intérêt : seuls comptent les événements qu’il suscite et peu importe ce que contient la boite à secrets, perdue, recherchée, et retrouvée après de multiples rebondissements. Eh bien, non ! Le secret du roi est très important et le découvrir va changer la vie de Lulu, changer la vie du royaume, changer le regard des sujets sur leur roi, et changer le regard d’une enfant sur son père.

Bref, il y a trois bonnes raisons d’aimer ce livre : il est passionnant, il est plein de fantaisie, et très, très loin d’être gratuit ou innocent.

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Les Trois Mousquetaires

Les Trois Mousquetaires
d’après Alexandre Dumas, dessins Ruskey,
Traduit (anglais) par Sébastien Ludmann
Nobi Nobi, 2014

Au galop des images

Par Anne-Marie Mercier

Que le3mousquetaires nom d’Alexandre Dumas, apparaisse en couverture et que l’auteur des dessins, Russkey, ne soit mentionné qu’en petits caractères au dos, n’est pas la seule bizarrerie de ce volume. Signalons d’abord que Russkey n’existe pas mais désigne, lit-on sur le web, un duo d’illustrateurs, Takanori Aoyama et Masanobu Funato, lequel duo n’est pas très visible sur le net. Mais on se contentera du copyright indiquant que l’ouvrage a bien été publié en anglais au Japon en 2014.

Donc Les Trois Mousquetaires, adaptés en BD pour les japonais et retraduit pour les français… quel voyage ! Et le résultat est de fait très curieux : on retrouve la trame (simplifiée) de l’histoire, les personnages, mais ceux-ci sont traités de façon particulière : si d’Artagnan a l’air d’un héros de manga, avec ses cheveux en pétard, et si la reine a l’air d’une fille de 12 ans sortie d’un dessin animé, les autres sont traités de façon plus réaliste. Quant à l’action, elle montre que Manga et roman populaire ont des choses en commun si on ne prend pas le second trop au sérieux. Les bagarres y sont spectaculaires, presque magiques, les gestes appuyés au point d’en devenir comiques : on pense l’Etroit Mousquetaire de Max Linder (repris dans la scène finale de l’escalier du film de Tarantino, Django unchained), et la faiblesse psychologique des personnages n’est pas un problème. Il reste cependant, une différence majeure : le rapport au temps : le manga expédie rapidement (enfin quelques 200 pages tout de même) cette lecture qui était, dans le texte original, une longue immersion… Epoques différentes; le charme de cette histoire est de se plier à toutes les modes.