Le Flocon

Le Flocon
Bertrand Santini, Laurent Gapaillard
Gallimard jeunesse, 2020

L’infini au creux de la main; le monde et le temps dans un album

Par Anne-marie Mercier

« Conte inspiré du recueil de Johannes Kepler, « L’étrenne ou la neige sexangulaire » (1610), dans lequel, après avoir badiné sur une offrande de presque rien pour un jour de nouvel an, Kepler traite de la structure du flocon de neige et de l’organisation du monde vivant, ce bel album, grand et étrange, au format atypique, marque par son ambition.
Le point de départ est le même : Kepler offre au roi « presque rien » : un flocon de neige, ce qui entraine la raillerie des courtisans. Faisant observer le flocon au roi à travers un télescope, il lui fait voir l’infini du monde et le néant de l’homme, créature parmi les autres et non roi de la Création, ce qui fait hurler les dévots et traditionalistes.
Le texte, en vers, est simple et alerte. Les illustrations, en tons de gris, sont au contraires très fouillées et sombres, sous la forme de gravures d’allure gothique. Elles présentent des architectures et des costumes de personnages typiques de l’époque, mais aussi des animaux de tous les continents, jusqu’à l’infini du cosmos et du temps, l’expansion de l’univers puis son effondrement. Elles sont souvent vertigineuses, proposant des points de vue étonnants et des perspectives infinies.
L’ensemble est superbe et donne à penser, à rêver peut-être ?

On découvre ici un autre aspect du talent de Bertrand Santini, et le magnifique travail de Laurent Gapaillard, l’excellent illustrateur des couvertures de La Passe-miroir,  du Yark, de la nouvelle édition du Prince Pipoque du très beau et du très bon!

Chroniques des Cinq Trônes, t. 1 : Moitiés d’âme

Chroniques des Cinq Trônes, t. 1 : Moitiés d’âme
Anthelme Hauchecorne
Gulf Stream, 2019

Sorcellerie pour l’hiver

Par Anne-Marie Mercier

C’est d’abord un bel objet que ce livre : une couverture rigide, un ruban comme signet, une belle illustration de première et quatrième de couverture (du graphiste O’lee – joli nom ! –) qui travaille également dans les pages intérieures pour de multiples vignettes, avec des couleurs qui imitent les gravures anciennes ou, dorées, qui accrochent l’œil, une typographie  à l’ancienne, une tranche décorée d’une figure inquiétante que l’on retrouve dans le livre : celle de Dame Hölle, la fée de l’hiver, plus sinistre encore que la Reine des neiges…
En effet, le royaume de fantaisie pour la jeunesse est parfois bien noir, loin des pensionnats de Poudlard. L’obscurité est ici double dans la mesure où comme la protagoniste principale on entre difficilement dans une histoire dont bien des clefs nous échappent et dont la première moitié est un peu escarpée, et même triple par la nature du décor, une sombre forêt inquiétante aux arbres vivants.
Liutgarde, jeune mägeresse, a fui l’époux qu’on lui avait imposé et est tombée amoureuse d’un autre mage, au passé mystérieux. On les voit cheminer dans les forêts du nord pleines de magie, en compagnie d’une caravane de plus ou moins mages, plus ou moins forains, et tenter d’en sortir vers le sud où règne la magie du printemps et de l’été. C’est sans compter sur la furie de la dernière des fées, race que l’on croyait éteinte, Dame Hölle (qui porte le même nom que la dame Hiver de Grimm). Lutte de clans, interventions d’armées entières, mise en œuvre de pouvoirs magiques terribles, trahisons, tout donne au roman dans sa deuxième partie une allure épique et sombre. La suite promet d’être touffue et captivante.

D’après Wikipedia, Anthelme Hauchecorne [joli nom !], né le 27 janvier 1980, est un auteur de romans et nouvelles fantastiques, ancrés dans des univers gothiques, baroques ou steampunk [joli nom !]. Voir son site

Agnès l’Ogresse

Agnès l’Ogresse
Benoit Debecker
Seuil Jeunesse 2020

L’enfant, la chouette, l’ogresse et le géant

Par Michel Driol

Quand on est ogresse et maitresse d’école, il ne faut pas s’étonner de n’avoir que peu d’élèves… Jusqu’au jour où Barnabé, un petit enfant perdu, vient toquer à la porte. Trop maigre pour faire un bon repas, il doit d’abord être engraissé. Trop triste pour faire un bon repas, il doit aussi être diverti par des spectacles de marionnettes. Fort heureusement arrive à temps un bon géant, à la recherche du propriétaire d’un doudou trouvé, qui corrigera  – au propre comme au figuré – Agnès, lui fera cultiver son jardin et accueillir tous les enfants abandonnés.

Voilà une réécriture de contes comme Hansel et Gretel bien réjouissante ! On apprécie en particulier le personnage d’Agnès, lieu d’oppositions saisissantes entre son métier et son état, entre sa représentation graphique, une chatte, somme toute plutôt sympathique dans son allure et son éternel sourire, et ce que dit le texte de sa cruauté. On s’attache ensuite à un personnage d’adjuvant incarné par une petite chouette compatissante, répondant au doux nom de Séraphine. On retrouve les recettes de sorcières avec un plat emblématique, une recette transmise de mère en fille pour nourrir les enfants, le ragout de culs de lapin à l’ail, dont Barnabé doit ingurgiter des quantités énormes. On croise aussi un Maitre Corbeau, sur un arbre perché, donneur de conseils. Enfin, deus ex machina, arrive le sauveur, géant au grand cœur, sorte de chat botté perspicace et généreux. Ces éléments s’enchainent pour le plus grand plaisir du lecteur qui devine d’avance que, comme dans tous les contes, tout finira bien, et qui prend plaisir aux touches d’humour, qu’elles soient graphiques (l’ogresse à skis) ou textuelles (la punition donnée à la chouette sous forme de lignes à copier). Les illustrations, dont le code graphique est celui de la ligne claire, renferment de nombreux détails à la fois réalistes et drôles à observer. On pense aussi parfois à l’univers  de Tony Ungerer en lisant cet album, tant par les personnages, par les situations que par certaines illustrations.

Un livre qui montre encore le pouvoir des contes sur notre imaginaire lorsqu’ils sont adaptés, réécrits, transformés avec humour, intelligence et sensibilité. Tout est bien qui finit bien !

Tout ce que j’aime

Tout ce que j’aime
Mary Murphy – Zhu Chengliang
HongFei 2021

Le temps n’est qu’un instant lequel toujours se change,

Par Michel Driol

Une petite fille liste tout ce qu’elle aime : cela comporte beaucoup de choses, va de la fenêtre à son ourson, en passant par la confiture d’abricots, la rivière et un crayon. Chacune des choses est ce qu’elle aime le plus, à part la suivante… Et tout se clôt sur la maman…

Sous une forme répétitive, une randonnée d’apparence classique, dans laquelle un personnage énumère la liste des choses qu’il aime, cet album aborde en fait la thématique des mutations, des changements, et de la permanence des choses et des êtres. C’est ainsi que les objets évoqués sont des objets condamnés à changer, à disparaitre, des dessins tracés sur la fenêtre au crayon, qu’on taille, et qui disparaitra. Quelles permanences dans ce monde baroque, où rien n’est stable ? Celle du moi, et des gouts personnels ? Pas forcément, car le livre qu’on aime aujourd’hui, on n’aura peut-être plus envie de le lire plus tard. Reste alors la permanence de la relation à la mère, présente avant la naissance, et immuable, quels que soient les changements qui altéreront les deux individualités.  Cette problématique, fondamentale pour les enfants qui grandissent, et donc changent, voient les objets disparaitre, est abordée à partir d’éléments simples, objets, aliments, bien connus des enfants, et dans une langue tout aussi simple et accessible. Les illustrations de Zhu Chengliang – qui se permet un clin d’œil à Réunis, qu’il a illustré aux éditions HongFei, peignent un monde lumineux et serein, dans lequel le temps est comme arrêté, suspendu, en une série d’instantanés pleins de tendresse et de joie. Les pages de garde accompagnent aussi ce changement, du printemps à l’hiver.

Tout ce que j’aime est une proposition réussie pour évoquer de façon originale la permanence et les mutations qui constituent notre vie.

Des ailes dans la nuit

Des ailes dans la nuit
Jane Yolen – John Schenherr
d2eux 2017

A la recherche du grand duc…

Par Michel Driol

d2eux, éditeur canadien, a la bonne idée de republier un album paru en 1987, illustré d’aquarelles sublimes.

Un soir d’hiver, une petite fille part avec son père courir le grand-duc dans la forêt voisine pour la première fois. Pour cela, il convient de rester silencieux, c’est pourquoi tous les bruits se détachent, celui du train, du chien, le crissement des pas. Malgré le froid mordant, la fillette continue d’avancer, tandis que son père hulule pour appeler l’oiseau qui, finalement, se montre. Et c’est le retour à la maison.

Inspiré d’un souvenir familial, le texte de Jane Yolen est d’une grande simplicité poétique. S’y croisent les émotions et les sensations de la petite fille, ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, avec les consignes du père, récurrentes, qu’elle reprend : Quand on court le grand-duc, on doit… L’ouvrage évoque une quête au sein d’une nature sauvage, quête d’un oiseau de nuit, magnifique et libre, ce qu’il faut de patience et de persévérance pour tenter de le voir, un instant. Cette chasse du grand-duc a aussi un côté initiatique : il faut vaincre ses peurs, ses craintes pour enfin approcher de l’oiseau convoité, un instant.

Ce texte est magnifiquement illustré par les aquarelles de John Schenherr, qui peignent un paysage de neige, de forêt majestueuse et sombre,  de ferme perdue dans une immensité blanche. De ci de là, on croise des animaux sauvages bien cachés. Comme un fil conducteur, on suit la fillette et son père, tantôt en plan large, tantôt en gros plan, comme pour mettre l’accent sur cette relation particulière qui se noue ici entre les deux personnages.

Un album à contempler, pour percevoir les mystères et la grandeur de la nature sauvage.

Les herbes folles, Angélique Villeneuve

Les herbes folles 
Angélique Villeneuve, Eugénie Rambaud (Ill)
Traduit en arabe par Golan Haji
Le port a jauni, 2019.

  Un  chemin de mots

 Maryse Vuillermet

Le port a jauni est une maison d’édition courageuse et originale qui propose des livre-objet manipulables dans les deux sens de la lecture, et donc adaptables à la langue du lecteur. En effet, le poème, Les herbes folles est l’histoire d’un chemin et de celui qui y marche, et il peut se lire dans les deux sens de la lecture, en français comme en arabe, et le lecteur se prête au jeu de la manipulation de cet ouvrage. C’est un long poème qui se veut modeste,  histoire de chemin, mais aussi de pas,

« Mon pas,
Donc
minuscule et doux,
et qui traîne »,

d’attention à la nature, aux fleurs, aux herbes, aux oiseaux, aux bourdons. C’est aussi un poème du rêve, comme celui que font les enfants : « Il faudrait… » «  Je serais .. »
L’illustration d’Eugénie Rambaud sert littéralement de fil de lecture, puisqu’il s’agit d’un fil de coton brodé sur du papier, puis embelli par des feuilles dessinées autour et qui, évidemment, court dans les deux sens lui aussi.
C’est donc un profond et subtil livre poétique que le lecteur tient entre les mains, que ce soit au niveau du texte ou des illustrations.

Les rêves d’Ima, Ghislaine Roman

 Les rêves d’Ima
Ghislaine Roman, Ill. Bertrand Dubois,
Cipango, 2020.

 

 Comment apprivoiser son imaginaire

 Maryse Vuillermet

 

 

 

Ima née dans une famille d’artisans près du lac Titicaca au Pérou est une petite fille heureuse et sage. Mais un jour, elle devient triste et pâle, à ses parents inquiets, elle explique que ses nuits sont peuplées de cauchemars effrayants.

Sa tante pense que si elle apprend à tisser, elle sera apaisée, elle devient une bonne tisserande mais ses cauchemars demeurent, Luis, son frère lui apprend à reconnaitre les pierres précieuses et à en faire des bijoux, son oncle lui apprend la poterie, mais sa santé ne s’améliore pas, elle est toujours dévorée par ses cauchemars.  Un vieil Indien consulté lui offre un bateau-piège à rêves, elle le place près de son lit et le piège fonctionne, elle ne rêve plus, elle va ensuite, suivant ses conseils,  enterrer le petit bateau-piège dans un champ de pommes de terre.

Mais dans le même temps, les artisans du village constatent que leurs productions ont perdu leur couleur, leur fantaisie, « la joie de leur art les avait quittés ». D’ailleurs, le commerçant venu de Cusco  les leur refuse. Ima comprend que leur inspiration a disparu, elle court déterrer le piège à rêves.

Mais désormais elle sait comment les apprivoiser, elle achète un cahier et, toutes les nuits, elle couche ses cauchemars et ses visions sur le papier dans le cahier et ils deviennent des histoires extraordinaires.

Une belle parabole sur la force et la violence des rêves qu’il faut savoir accepter et apprivoiser.  Qu’ils viennent de notre culture ancestrale, de notre inconscient, il ne faut pas en avoir peur, ils sont une richesse et en particulier pour les artistes, ils sont la source où ils puisent.

Les illustrations de Bertrand Dubois sont chatoyantes et leur mélange de réalisme et de fantastique, sur fond de paysages andins, de lac, de villages de roseaux, sont, elles aussi, une invitation aux rêves et au voyage.

 

 

Coup de boule Corneille

Coup de boule, Corneille !
Pascal Ruter
Didier Jeunesse 2021

Rodrigue et Chimène : Plus belle la vie !

Par Michel Driol

Quand la nouvelle maitresse d’Helena arrive sur sa nouvelle moto, c’est la stupéfaction au village. D’autant qu’elle veut leur faire jouer le Cid, que la classe adaptera. Parents divisés : que deviennent les devoirs ? les conjugaisons ? Enfants motivés qui réécrivent à leur façon les dialogues de Corneille, construisent les décors et recherchent les accessoires, tout en discutant des personnages, des dilemmes qu’ils vivent. Même l’inspecteur est conquis : c’est dire !

Voilà un roman burlesque qui ne manque pas d’humour, façon Petit Nicolas. Une narratrice enfant, une bande de copains, bien différentiés, la découverte naïve du monde des adultes vue à travers leurs comportements. C’est aussi l’occasion de rajeunir Corneille, de le faire gueuler, dirait la maitresse de la classe, de montrer sa vigueur et sa force, tout en le rapprochant de la culture de masse contemporaine : Plus belle la vie, Laurent Delahousse et Stéphane Bern, sont convoqués par la narratrice. Les dialogues, réécrits dans une langue enfantine et contemporaine, ne manquent pas de panache et de drôlerie, mais cette intertextualité risque peut-être de  séduire plus ceux qui connaissent l’original que ceux qui ne le connaissent pas… Les situations cocasses et les quiproquos s’enchainent à un rythme endiablé, pour le plus grand plaisir du lecteur. Tout en conservant cette force comique, le roman aborde quelques thèmes plus sérieux : le rôle du théâtre dans la vie (qui va permettre à un enfant différent de parler autrement que par des mots en A pour la première fois), les angoisses des parents projetées sur les enfants dont ils peuvent pourtant s’émanciper, la force de la dynamique de projet dans une classe pour souder le groupe.

On ne peut que rapprocher ce livre de celui de Sophie Dieuaide, Œdipe schlac ! schlac !, dont on a rendu compte ici. Voilà de belles façons, par la parodie et le burlesque, de faire connaitre des œuvres patrimoniales, en restant fidèle non pas à la lettre du texte, mais aux problématiques et aux conflits de valeurs qu’elles exposent.

Déjà

Déjà
Delphine Grenier
Didier Jeunesse, 2016

On n’y voit pas que du bleu

Par Christine Moulin

La couverture est « déjà » magique. D’un magnifique bleu, celui de tout l’ouvrage, elle présente les personnages de ce récit de randonnée cumulatif, emportés en un bond particulièrement dynamique vers ce qui ne peut être que poésie: deux ennemis héréditaires, visiblement réconciliés, une mignonne souris et un chat tout doux (Félix-Minou à qui est dédié ce livre?). Souris réveille Chat pour un voyage nocturne qui permet de découvrir sur chaque page de droite un animal endormi, fragile et émouvant, serein, plongé dans des rêves qu’interrompent nos deux héros, suscitant le refrain ensommeillé : « déjà? » C’est l’occasion, à  chaque fois, de découvrir un lieu précis (sous les feuilles du platane, au fond du jardin, etc.) et une splendide couleur qui tranche sur le bleu velouté de la nuit. Mais quand apparaît le lapin, tout change: le fond de la page s’éclaircit et le lapin s’écrie, occasionnant une rime: « enfin! » Il a d’ailleurs l’œil « déjà » ouvert. Une double page, selon les lois du genre, récapitule les animaux rencontrés et les emmène, en une ascension mystérieuse, vers la splendeur que révèlent deux rabats, celle de l’aube. La jolie chute incite alors le très jeune lecteur à rejoindre son lit pour y poursuivre la promenade… Un splendide album, en forme de célébration.

Et les lumières dansaient dans le ciel

Et les lumières dansaient dans le ciel
Eric Pessan
Ecole des loisirs Medium + 2021

Etoiles dans la nuit

Par Michel Driol

Elliot vit avec sa mère, abrutie de somnifères le soir, au point qu’il a le sentiment de plus prendre soin d’elle qu’elle de lui, depuis le divorce. Il a hérité de son père la passion des étoiles, qu’ils observaient ensemble durant des nuits. Un soir, il sort, pendant que sa mère dort, rejoindre le point d’observation que son père et lui partageaient. C’est alors qu’il voit des lumières tournoyer dans le ciel. Cherchant sur Internet, il découvre le Geipan, groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, un service du Centre National d’Etudes spatiales à Toulouse. Un fois le dossier rempli, il fugue pour aller le remettre en mains propres au Geipan. C’est là que, voyageant sans ticket dans le bus, il se retrouve au commissariat de police.

C’est d’abord un roman sur les blessures du divorce, traité de guerre par Elliot, le narrateur. Un divorce dont on ne connait pas les causes, mais dont on voit les conséquences : la déprime de la mère, le désarroi d’Elliot, qui ne peut que se souvenir des moments heureux, avant la séparation. S’il voit encore son père, sa mère cherche à les séparer, et Elliot ne le reconnait plus dans cet homme qui refait sa vie, dans un appartement dont la décoration tient plus de la nouvelle femme qu’il aime. C’est ensuite le portrait d’10un adolescent fragile, timide, attachant, qui a sans cesse le sentiment de gêner, d’être un poids inutile, un souci pour ses parents. Sa passion pour les étoiles l’éloigne des autres, dont il ne partage pas les gouts pour le football, et qui ne le comprennent pas plus que sa mère. C’est aussi un roman cosmique, qui s’interroge avec le narrateur sur l’existence d’autres formes de vie. Seul dans sa famille, dans son collège, Elliot a peu à peu le sentiment qu’il n’est pas seul dans l’univers, que d’autres formes de vie existent, qu’il en a été le témoin. C’est enfin un roman dans lequel deux solitudes se rencontrent, celle d’Elliot et celle d’une mystérieuse voisine qui laisse des petites annonces étranges dans le hall de l’immeuble. Ces deux adolescents vont finir par se trouver, et partager ce gout de la petite formule poétique qu’on affiche partout, comme un appel.

Comme toujours avec Eric Pessan, les personnages sont soignés, les lieux évoqués avec précision (les vignes, les voyages en train, les villes…), et la société contemporaine bien présente en arrière-plan.

Un roman qui sait garder les pieds sur terre pour évoquer l’immensité du cosmos, et s’interroger.