Poules et poulets. Quatre douzaines de poèmes extra-frais

Poules et poulets. Quatre douzaines de poèmes extra-frais
Jean-Hugues Malineau, Lucile Placin

Rue du monde, 2013

L’œuf ou la poule, le mot ou le sens

Par Anne-Marie Mercier

PoulesetpouletsQui aurait dit qu’il y aurait tant d’expression autour des poules et autre volailles ? Chair de poule, Poule mouillée, couver un rhume, cocoter, sauter du coq à l’âne, être comme un coq en pâte, ma poule, les poulets, avoir une prise de bec, casser trois pattes à un canard, oie blanche, être comme un paon, un pinson… et tout ce qu’on peut imaginer quand les poules auront des dents.

Toutes ces expressions, prises au pied de la lettre, servent de départ à 4×12 quintils irréguliers (cinq vers toujours, mais parfois sur trois rimes au lieu de deux) savoureux et souvent irrévérencieux. Les illustrations très colorées et pleine de fantaisie (on reconnaît un style Rue du monde) redoublent cette fantaisie.

Jean-Hugues Malineau, prix de Rome de littérature, poète et professeur en poésie et en livre de jeunesse, pionnier des ateliers d’écriture, éditeur, a un site qui montre toutes les facettes de son talent.

 

Le jour du slip, Je porte la culotte

Je porte la culotte / Le jour du slip
Thomas Gornet / Anne Percin
Le Rouergue, Boomerang, 2013

A pile ou face…

Par Caroline Scandale

La collection Boomerang porte bien son nom.  A l’image de l’arme aborigène, le livre doit être retourné pour être lu en entier et chacun des romans qui la composent peut se parcourir dans les deux sens, de façon indépendante et complémentaire. Les deux histoires se rejoignent au centre du livre et reposent sur deux points de vue qui s’inversent lorsque l’on retourne l’objet livre. Ainsi le jeune lecteur est acteur du renversement magique de la réalité…

Dans Le jour du slip/Je porte la culotte, Anne Percin et Thomas Gornet croisent leur plume pour se glisser dans la peau d’un personnage du sexe opposé. Grâce à eux nous investissons tour à tour le cerveau de Corinne qui se réveille un matin dans le corps de Corentin et celui de Corentin qui se réveille dans le corps de Corinne. Les deux points de vue croisés mettent en exergue le décalage entre l’identité de genre et les attentes ultra stéréotypées de la société (de la maîtresse, de la classe…) en fonction du sexe. 

Cet ouvrage est très intéressant tant sur la forme que sur le fond. Son titre efficace et un brin provocateur fait sens pour les adultes ( l’expression courante « porter la culotte » et la référence inversée à la journée de la jupe…) et surtout, surtout, surtout, donne envie aux filles et aux garçon de lire ce roman…

Plus tard je serai moi

Plus tard je serai moi
Martin Page
Rouergue,  2013

« Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? »

Par Anne-Marie Mercier

Plus tard je serai moiMartin Page s’est fait une spécialité de situations familiales cauchemardesques ou absurdes. Ici, une jeune fille tout à fait ordinaire, sans problèmes, connaît l’enfer parce que ses parents ont décidé que plus tard elle sera artiste. Cadeaux orientés, emploi du temps contraint, régime alimentaire, tout y passe, jusqu’à la conviction qu’un artiste doit avoir eu une enfance difficile…

On retrouve ici un monde à l’envers, les parents étant ceux qui poussent vers une profession qu’ils déconseillent souvent à leurs enfants. Mais cette histoire plaira aux adolescents indécis sur leur avenir. Elle leur dira qu’il faut « être patient avec les parents » et, en attendant, trouver des alliés : les amis, le principal amateur de rock, la tante de Bretagne…

La Fabuleuse méthode de lecture du professeur Tagada

La Fabuleuse méthode de lecture du professeur Tagada
Christophe Nicolas, Guillaume Long
Didier jeunesse, 2013

La lecture est un jeu…

Par Anne-Marie Mercier

tagadaComment décrire cette « méthode » de lecture ? Son titre en dit beaucoup; ajoutons que ce professeur a un assistant nommé « tsoin-tsoin », un petit oiseau qui se démène sur toutes les pages pour accompagner efficacement les lettres nécessaires à la leçon.

Voici le début du texte :

« Leçon n°1 : Tu ne sais pas lire, c’est dommage. Mais la grande personne qui te lit ce livre sait lire. Il faut en profiter. Ta grande personne peut lire des mots faciles comme bébé, bobo, mémé, popo. Elle peut aussi lire des mots difficiles, comme plénipotentiaire ou hexakosioihexekontahexaphobie. Qu’est ce que ça veut dire ? La grande personne qui sait lire te l’expliquera plus tard. »

Suivent des leçons sur les avantages qu’il y a à savoir lire (bonne idée de commencer par aiguiser le désir d’apprendre avec de vraies raisons), les lettres, voyelles et consonnes (on est dans une méthode syllabique traditionnelle), les cas compliqués (comment faire le son [k])… enfin, en 10 leçons, l’affaire est réglée.

Ce n’est peut être pas si simple, mais en tout cas on s’amuse, les illustrations sont tordantes, parents et enfants riront ensemble, et ce livre pourrait être un accompagnement joyeux de méthodes moins mécaniques et sans doute plus efficaces mais moins drôles, quoique… le rire fait bien des miracles.

Quelle CHAtastrophe !

Quelle CHAtastrophe !
Maureen Dor & Charlotte Meert
Editions Clochette, 2013

Quand les mots miaulent

Par Chantal Magne-Ville

quellechatastropheLa collection Les Zygomots s’enrichit d’un nouvel album, qui indéniablement permet aux enfants de saisir immédiatement le sens de l’expression « avoir un chat dans la gorge »  grâce à la magnifique illustration de couverture, où un matou malicieux se prélasse sans vergogne dans la gorge irritée du pauvre Emile, qui n’en peut mais. D’ailleurs cette gorge ressemble plutôt à un boudoir douillet, de forme circulaire, d’un rouge profond, que l’enfant peine à contenir. Les pigments sont mis en valeur par un effet de glaçage qui contraste avec la matité du reste du livre, en un effet saisissant.

L’histoire est celle d’Emile, un petit garçon qui a soudain un chat dans la gorge ce qui l’empêche de prononcer correctement les « ch », faisant souvent de lui un incompris qui n’a d’autre alternative que de s’isoler dans sa cabane. Sa camarade Madeleine va s’ingénier à trouver toutes sortes de ruses tenant compte de la psychologie des chats pour obliger le matou à sortir, mais en vain. Emile interroge alors le chat sur le pourquoi de sa présence et apprend que c’est parce qu’il a toujours la bouche ouverte que l’animal a décidé de s’installer chez lui : en effet ce matou a peur du noir ! Emile  à son tour tentera de le déloger en se forçant à  boire, à sauter, et même à adopter un chien,  jusqu’à ce que Madeleine ait l’idée salvatrice. L’attention est focalisée sur le matou vu tantôt du dedans, tantôt du dehors, par un jeu de contre-champs qui impriment une dynamique particulièrement réussie. L’humour est omniprésent, malgré le caractère parfois un peu convenu des jeux sur les mots. Un CD propose une lecture convaincante de l’histoire ainsi qu’une chanson pleine d’entrain, de la même veine.

 

Big Nate, star de la BD

 

Big Nate , star de la BD
Lincoln Peirce (trad. Jean-François Ménard)
Gallimard Jeunesse, 2013 

Original et drôle !    

Par Maryse Vuillermet

 

 big nate star de la bd imageVoici le tome 4 de la série Big Nate.  Le héros, Big Nate,   donc, dessinateur  de BD en herbe,  raconte la naissance et la vie de son club de BD, appelé Les dessineux,  au collège 38.

 C’est original parce qu’il insère dans son texte toutes les planches ou les croquis qui lui passent par la tête et qu’il produit très facilement.

C’est drôle parce que le héros,  Nate se moque de ses professeurs, de leurs tics er défauts, de ses parents, de ses copains aussi. Mais il se moque  tout autant  de lui-même, les punitions que lui valent sa passion du dessin, sa peur des filles et la difficulté qu’il a à faire entrer une fille au club, sa peur des grandes terreurs du collège Jefferson,  leur rival en tout. Le texte est amusant et les dessins tout autant.

Le sommet dramatique de l’histoire se situe lors d’un concours de sculpture sur neige qu’a imaginé Nate pour vaincre,  avec ses copains du club,  une seule fois,  dans un domaine où la créativité est nécessaire,  les méchants du collège huppé  Jefferson.  En effet,  ces derniers  sont meilleurs en tout, ils les méprisent et les terrorisent mais les petits du collège 38 vont trouver leur talon d’Achille.

Mon père est une saucisse

 Mon père est une saucisse
Agnès de Lestrade
Rouergue, Dacodac, 2013

 

Deviens ce que tu es…

 Par Caroline Scandale

 

Le père de Séraphine s’ennuie profondément dans sa vie d’expert comptable. Décidé à changer de voie professionnelle, il annonce à sa famille interloquée qu’il veut devenir comédien. S’en suivent de vives réactions et de l’incompréhension mais au final tout le monde soutient ce papa et mari hors norme et fantasque… Il débute tout de même sa carrière d’acteur en incarnant une saucisse Knacki!

Ce petit roman sur l’accomplissement de soi délivre une belle image de la famille et de la relation père-fille. De surcroît, Il montre en filigrane la difficulté à sortir du système surtout par temps de crise… L’antithèse du titre reflète parfaitement l’image que la société ou la famille se fait d’un homme non carriériste qui préfère s’accoutrer en chipolata pour une publicité plutôt que de brasser les chiffres dans son cabinet de comptable.

 Un roman nietzschéen dès 7 ans!

 

 

 

Je veux être la grande

Je veux être la grande  
Sébastien Joanniez
Rouergue 2013
Collection boomerang

 Face à face  de mots et d’images

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

je veux être la grande image Quelle bonne idée que cette petite collection Boomerang chez Rouergue!  Une couverture  couleur partagée en deux,  et qui se lit dans les deux sens, deux titres Je veux être la grande et J’aime pas ma petite sœur, deux textes courts, qui se répondent mais peuvent aussi se lire indépendamment,  et une illustration en noir et blanc qui marque le milieu ou la ligne de fracture,  suivant le point de vue.

 Et un sujet délicat, les  sœurs ont-t-elles le droit de dire qu’elles se détestent, la petite parce que la grande l’embête tout le temps, la grande parce que sa petite sœur est la préférée, elle a tout ce qu’elle veut,  sous prétexte qu’elle est petite?

De deux voix bien différenciées, celle de la petite avec des fautes de langage et celle de la grande,  dans une langue déjà plus assurée, elles nous révèlent leur monde intérieur et c’est vraiment juste,  drôle, tendre quand-même parfois, cruel aussi.

La vraie vie de Toto, J’adore les animaux

La Vraie Vie de Toto : J’adore les animaux
Marie Agnès Gaudrat, Serge Bloch
Tourbillon, 2013

L’animal de mes rêves 

Par Maryvonne Fournier, master MEFSC Saint-Etienne

lavraieviedetotoLa nouvelle histoire racontée par Toto, le personnage principal de la série « La vraie vie de Toto », est parsemée de péripéties qui mêlent humour et situations de la vie quotidienne. Elle met en scène un jeune garçon voulant avoir à tout prix un animal de compagnie. Mais à la maison, ses parents refusent  catégoriquement. Après de nombreuses tentatives, va-t-il réussir à les faire changer d’avis ?

Tout au long du livre, l’humour apparaît à la fois dans la manière d’écrire et dans l’illustration. Le texte comporte un vocabulaire familier, « sorti de la bouche des enfants » qui facilite la lecture et la compréhension de l’histoire. L’auteure glisse dans certaines pages les fameuses blagues de Toto ce qui provoque des effets de drôlerie assurés. Par exemple, sous la forme de bande dessinée : « Tu connais le rêve de l’araignée ? – Accrocher sa toile au musée » ou bien encore « Qui est vert et fait « meuh » ? – Une vache kiwi ». A n’importe quel âge, ces blagues sont drôles et pourront peut-être devenir les futures blagues de cour de récréation.

Quant aux dessins, ils font toujours le lien avec le texte. L’illustrateur Serge Bloch a choisi des dessins humoristiques, avec un coup de crayon simplifié et large, et des couleurs vives, sans entrer dans les détails. Les formes arrondies confèrent une légèreté à laquelle les jeunes lecteurs seront sensibles. Nul doute qu’ils s’identifieront d’emblée au personnage de Toto dont les désirs contrariés reflètent ceux de tout enfant. L’histoire montre une grande vérité psychologique, notamment lorsque Toto met en place toutes sortes de stratagèmes à la maison et à l’école pour obtenir ce qu’il veut. L’auteur traite le sujet avec humour et dérision (surtout à propos des parents). De quoi renforcer encore l’identification.

Milton en pension

Milton en pension
Haydé
La Joie de Lire, 2013

Ils ne partiront pas sans moi: voire!

Par Christine Moulin

milton-en-pensionLe revoilà et comme toujours, il nous fait rire, nous émeut, nous ravit. Il est égocentrique, agaçant à force de mauvaise foi, mais rien n’y fait. Le crayon d’Haydé sait tellement bien croquer les attitudes les plus vraies des chats que l’on craque (il faut voir la page où il investit la valise ou celle où son humaine essaye de le mettre dans le panier!). Cette fois, Milton est en pension pour les vacances et il n’apprécie pas, si bien qu’il se vengera, de félinesque façon…! Mais on ne peut lui en vouloir car il sait aussi nous attendrir, quand il se réfugie sur le pull de sa maîtresse et quand il réagit dès qu’il entend enfin sa voix! Si bien que quand il déclare: « je suis devenu un chat comme les autres« , on ne le croit pas. Il est unique, comme tous les chats…

Le plaisir de la collection « Milton » est partagé par l’auteure du blog « Les jardins d’Hélène »; et on peut voir Milton en dessin animé.