Je vous écrirai
Paule du Bouchet
Gallimard, scripto, 2013
Romanesque !
Par Maryse Vuillermet
Malia, l’héroïne, dix-sept ans, commence des études de philosophie à Paris. Elle loge avec son amie d’enfance, Gisèle, étudiante en théâtre. Nous sommes en 1955. La mère de Malia est l’ancienne bonne de la tante de Gisèle, les deux jeunes filles ont grandi ensemble. Son père, Mattéo, est un saltimbanque, il montre des animaux dressés dans les fêtes de village. Elle a aussi un demi-frère. Un milieu très modeste et très frustre, sans culture et sans manières.
Malia, à Paris, trouve un emploi de baby-sitting chez une famille d’intellectuels, elle garde leurs enfants. Sa mère lui a fait promettre d’écrire ; une correspondance intense s’installe entre la mère et la fille, les lettres de Malia sont sensibles, remplies de ses découvertes et enthousiasmes, celles de sa mère sont pleines de considérations les plus terre à terre, de peur, de recommandations, de reproches, et le tout, dans un français vraiment maladroit. Malia, parfois, voudrait s’éloigner de cette mère envahissante et trop aimante, elle en a honte bien souvent.
A Paris, grâce à Gisèle, Malia découvre le monde du théâtre, elle joue dans une pièce de Tchekhov, elle va au cinéma et rencontre un metteur en scène plus âgé qu’elle, avec qui elle noue une relation affectueuse et tendre.
Le père de Malia tombe malade et meurt, sans avoir pu lui révéler un secret. Sa mère sombre dans la dépression et la folie. Quel est le secret qui les ronge ?
Un beau roman sur la filiation, la honte de classe, la jeunesse et ses enthousiasmes, la culture des années 60 à Paris…



Disons-le d’emblée, même si la précaution peut sembler inutile vu le titre
Réédition de l’album de 2009 (Circonflexe), lui-même repris de l’édition du même titre de 1924 (Garnier), cet album est une anthologie de textes et d’images tirés du Buffon de Benjamin Rabier commandé au dessinateur par la maison Garnier et paru en 1913.
Quelle bonne idée que de proposer cette version abrégée aux élèves des lycées ! En effet, on ne lit plus de Mademoiselle de Maupin que sa préface où Gautier se moque des critiques, de la littérature vertueuse, du goût pour la couleur locale, des modes littéraires de tout poil et s’interroge sur l’ « utilité » du roman, de l’existence même… pour conclure qu’il « n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines ».
Avertissons le lecteur : ce livre n’est pas pour les enfants. On peut même se demander s’il est pour les adultes tant il est violent, non pas à cause des événements qui s’y déroulent (il y a bien des meurtres, une forme de crucifixion…), mais à cause de son écriture: le roman n’est qu’une longue phrase qui ne s’arrête jamais. On est donc sommé de le lire d’une traite et on se retrouve, au bord de l’asphyxie, happé dans une spirale descendante qui mène un homme aux enfers.