Angel Fire

Angel Fire
L.A. Weatherly
Traduit (anglais) par Julie Lafon
Gallimard jeunesse, 2012

Guerre aux Anges !

Par Anne-Marie Mercier

angelfireSuite de Angel, ce volume a des allures de road movie, avec des héros en fuite, partant des USA vers le Mexique, allant de motel en camping pour fuir les terribles anges-vampires qui sont en train de conquérir la planète. La catastrophe se fait cataclysme quand la lutte de l’ange déchu contre ses supérieurs conjuguée à celle des héros contre les anges provoque une série de tremblements de terre et la ruine des grandes cités du monde.

Comme le précédent, ce roman est un piège efficace pour les lecteurs amateurs de suspens et de paranormal. Il vise surtout les jeunes lectrices qui se délecteront peut-être des atermoiement sentimentaux de Willow entre deux garçons et deux amours. On aura reconnu sans doute une situation proche de celle de l’héroïne de Twilight, tandis que le tourment de celle qui se sait être la fille du monstre évoque La Guerre des étoiles. De bonnes recettes, pas trop mal mixées et un décor (Mexico) assez bien utilisé.

La suite se passera au Nevada avec le même trio, d’où le titre: « Angel fever »…

Ecoute battre mon coeur

Écoute battre mon cœur
Nathalie Le Gendre
Flammarion, Émotions, 2012

Nouvelle Star

Par Caroline Scandale

écouteDe plus en plus, la littérature jeunesse puise ses influences dans la musique. On pense notamment aux romans de l’excellente collection Exprim’. Comme elle, mais en moins radicale, la collection Émotions s’approprie quelques uns des codes actuels en matière de romans pour jeunes adultes. Le dernier opus littéraire de cette collection, Écoute battre mon cœur, débute par une playlist que les lecteurs peuvent facilement se constituer sur Deezer, service d’écoute de musique à la demande (en « streaming »). Cette bande son est censée refléter la rythmique et l’ambiance du roman. Elle donne une dimension supplémentaire à l’histoire, en entremêlant réalité et fiction…

Lula l’héroïne de ce roman et son grand frère Phil vibrent et respirent musique, comme leur papa professeur de musique. Comme lui, ils sont muselés par une mère angoissée et tyrannique. Phil déjà majeur, est le premier à se libérer de ses chaînes et à partir vivre de sa passion, le rock, à Paris… Reste Lula, 17 ans, lycéenne brillante et musicienne virtuose, obéissante mais aussi pleine de fougue et d’envies… Depuis le départ brutal de ce frère aîné quelques années plus tôt, sa mère s’oppose plus que jamais à ce que sa fille, pourtant si douée, devienne artiste…

Heureusement, la vie est bien faite… Elle autorise enfin Lula à partir seule chez sa meilleure amie, à Paris, lors de vacances scolaires. A cette occasion, elle découvre avec enchantement la vie d’artiste « underground » grâce à son grand frère et elle fait la connaissance de Mathias, jeune violoncelliste virtuose et passionné comme elle… Goûter à la liberté et à l’amour provoque un tsunami dans la vie de la trop sage Lula… Le retour au bercail n’en est que plus douloureux.

Ce roman devrait beaucoup plaire aux ados pour qui la musique est un refuge car l’auteure ne cesse de convoquer au fil des pages, des morceaux ou des artistes reconnus. Elle s’est d’ailleurs très certainement inspirée d’Izia, fille de Jacques Higelin, jeune et géniale rockeuse, pour créer son héroïne.

L’écriture est fluide et rythmée. La psychologie des personnages est intéressante, notamment celle de la mère. Même si sa personnalité extrême dérange, elle reflète avec justesse l’attitude mortifère de certaines mères névrosées. Petit bémol tout de même autour d’un paradoxe majeur… La raison est incarnée par une maman qui déraisonne et la passion par une ado trop sage. En effet, Lula est à mon goût (de trentenaire fan de Virginie Despentes et D’Antoine Dole… ) un peu trop raisonnable et soumise et le « happy end » final un peu inattendu, mais n’est-ce pas ce qu’on attend d’un gentil roman de littérature jeunesse?

Cher Dylan

Cher Dylan
Siobhan Curham
traduit de l’anglais par Marie Hermet
Flammarion, 2012

Un produit bien calibré

Par Christine Moulin

9782081264809_1_75Tous les ingrédients d’un roman sentimental (mais sentimental de chez sentimental, comme on ne dit déjà plus aujourd’hui…) sont là : une héroïne belle, courageuse, drôle, douée (pour la comédie musicale), qui ne « se la raconte pas », exempte de tout défaut, bref, merveilleuse, Georgie ;  le souvenir d’un père beau, drôle, doué, tendre, bref, merveilleux ; une mère fragile et émouvante mais complètement dépassée par les évènements ; une petite sœur mignonne à croquer ; un beau-père odieux ; une fausse amie, odieuse ; une véritable amie, merveilleuse (lisez le début, vous comprendrez) ; un faux amour, pas odieux, vite expédié ; un véritable amour, merveilleux, Jamie. Le tout sur fond de répétitions théâtrales. Le tout assaisonné de préceptes éclairants : « ne perds pas de vue qui tu es » (c’est l’italique qui fait la profondeur du message), « chaque page assombrie par une tragédie est suivie par une page de bonheur », « n’abandonnez jamais vos rêves »… Le tout sur fond de problèmes sociaux : la maltraitance, l’alcoolisme, les femmes battues. Le tout sous forme de roman épistolaire par mails (ce qui ajoute parfois du piment au récit, dans la mesure où Georgie n’a pas toujours accès à un ordinateur).

Allez, comme on dit encore, « ça mange pas de pain »: les filles de 6e vont adorer. Et pourquoi pas, au fond, pourquoi pas?

Saint-Valentin

Le Rendez-vous de Valentin
Sylvie Serprix
Grasset jeunesse, 2013

La Saint Valentin pour tous !

Par Anne-Marie Mercier

LeRendezvousdeValentinBeaucoup sont agacés par l’importance prise récemment par la Saint Valentin en France – encore une idée américaine, dit-on. C’est oublier les amoureux de Peynet et les jolies cartes d’avant guerre, comme la tradition qui veut que cette fête célèbre le début du printemps, le moment où les oiseaux font leur nid.

La Saint Valentin c’est aussi traditionnellement le jour des noces de l’illustration et du sentiment amoureux. Deux beaux albums pour la jeunesse le célèbJetaimetellementrent: Je t’aime tellement de Anne Herbauts, une merveille à offrir aux grands comme aux petits, qui sera chroniqué très bientôt, et ce Rendez-vous de Valentin.

On retrouve l’atmosphère des images de Peynet dans l’album de Sylvie Serprix : la ville représentée ressemble à un Paris idéal : bistrots, jardins, ponts et architecture haussmannienne où circulent vespas et péniches. Au début de l’album, le jour se lève ; les couleurs jaunes de l’aube sur une ville rouge et bleue sont magnifiques et donnent une envie de printemps, comme les ciels bleus qui suivent, puis le violet de la nuit tombée. L’album parcourt une journée à travers la ville en suivant Valentin, un oiseau tracé à la plume sur un décor de pastels gras. Il part à son rendez-vous et croise toutes sortes d’amoureux : jeunes ou vieux, humains ou animaux, ceux qui le savent et ceux qui ne le savent pas encore.

L’album, dans un style graphique superbe, propose de jolies trouvailles pour représenter le sentiment amoureux (sidération, envol, explosion…). Il décline ce sentiment de bien des manières sans oublier ceux qui n’ont pas d’amoureux/se : on pense au chagrin des enfants (et de quelques adultes) de n’être pas « comme tout le monde » ce jour là. Un musicien joue devant sa muse, une statue du parc, les chiens Cookie et Bobby sont « presque » amoureux. Notons que c’est le seul couple qui pourrait ne pas être hétérosexuel, l’artiste a-t-elle fait un clin d’œil, vraiment très discret, à l’actualité du vote de cette semaine ?

Les morceaux d’amour

Les morceaux d’amour
Géraldine Alibeux
Autrement, 2012

Que ne ferait-on pas par amour ?

Par Christine Moulin

les-morceaux-d-amour-de-alibeu-geraldine-914729357_MLNous sommes dans l’univers du conte : les personnages ne sont pas individualisés (« la jeune fille », « le jeune homme »); la guerre dont revient le soldat vaut pour toutes les guerres; Géraldine Alibeu a réduit à l’essentiel le décor, rural et enneigé, dans les tons ocre qui sont sa signature.

La jeune fille tombe amoureuse du jeune homme, bien que celui-ci ait perdu un bras, un œil et une jambe mais le jeune homme ne la remarque même pas, perdu qu’il est dans sa tristesse. Comme elle l’aime et qu’ « il n’y a pas d’amour sans preuve », elle lui envoie son bras, ses cheveux et son œil. Le jeune homme retrouve goût à la vie et tombe amoureux de sa bienfaitrice. La fin, très morale, affirme la force de l’amour, au-delà des apparences et du désespoir (« On ne voit bien qu’avec le cœur », ce qui explique sans doute les allusions au Petit Prince sur la première de couverture : l’écharpe et le renard). Tout est parfait, un peu trop, peut-être. L’ennui n’est pas loin.

Un aperçu de l’album sur le site de l’auteur.
Une analyse éclairante sur le site du journal suisse Le Temps.

Les Rebelles de St Daniel (2) : Ismaël part en live

Les Rebelles de St Daniel (2) : Ismaël part en live
Michael Gerard Bauer
La joie de lire, 2012

Amour, foot et poésie

Par Anne-Marie Mercier

On retrouve avec plaisir l’univers d’Ismaël (voir la recension du premier volume), adolescent maladroit, malchanceux et mal à l’aise, et de ses amis tous un peu bizarres, Razza extraverti et vulgaire, Ignatius le matheux, Bill le timide, Scobie agité de tics et génial. On retrouve également le concours d’éloquence (qu’ils avaient gagné dans le premier volume contre toute attente et auquel ils échouent cette fois lamentablement) et l’éternelle confrontation avec la bande de la brute du collège.

Mais il y a aussi de la variation qui rend ce volume différent, heureusement : la brute se trouve confrontée à elle-même par l’intervention d’un psychologue, Ismaël tente de conquérir la belle Kelly par le seul charme de la parole et subit de lourds échecs avant de faire quelques progrès et suivre le conseil majeur (« être soi même »), il découvre aussi que ses enseignants  et même le proviseur sont des êtres humains capables de le surprendre et que son père peut redevenir une star du rock.

Enfin, le clou du récit et ce qui en fait le moteur, est le cours de poésie de la professeure d’anglais (qui serait celle de français chez nous) qui arrive à les convaincre encore une fois de la force du verbe et de la nécessité d’en user avec finesse et tact, même dans la vie quotidienne – et parfois pour séduire, comme Shakespeare. On peut ajouter un autre morceau de bravoure autour du football, avec le débat qui tourne autour des bienfaits ou méfaits de cette passion lors du concours d’éloquence et la démonstration par le récit d’un match épique où l’un des joueurs démontre qu’on peut jouer bien en faisant semblant de jouer mal et tout faire pour éviter de perdre sans pour autant vouloir gagner. De la philosophie en action, donc, pleine de moments cocasses racontés à travers le prisme comique de la perpétuelle inquiétude du héros.

 

 

Les aigles de pluie

Les aigles de pluie
Eric Simard
Syros,  2011

Indiens du futur

Par Christine Moulin

aigles-de-pluieD’Eric Simard, nous avions déjà lu L’enfaon.  Les mêmes atouts se retrouvent dans ce nouveau roman : il s’adresse aux plus jeunes et l’écriture, quoique simplissime, reste exigeante, voire poétique. C’est un livre de science-fiction, bien que la science soit très en retrait, cette fois, au même titre que l’anticipation. En fait, seul le contexte se rattache au genre: Choden et son amoureuse, Tirdyk, vivent sur une planète, Aiaé, que les Terriens ont colonisée. Ceux-ci se sont entretués mais nos deux héros (dont on ne sait pas grand-chose, même pas l’âge) sont les descendants des « gentils », de ceux qui ont refusé la violence. Ce sont des enfants-pluie qui peuvent se fondre l’un et l’autre en esprit dans le corps d’un rapace et, par leur vol, provoquer la pluie bienfaisante. C’est pourquoi on a surtout l’impression de lire une histoire d’Indiens, rehaussée d’un message écologique.

Le clan de Tirdyk et Choden subit l’attaque des Kins, avides de l’eau dont leur propre cupidité les a privés : les deux enfants sont faits prisonniers. Mais tout sera bien qui finira bien, évidemment. Bien… mais un peu vite : le dénouement arrive trop tôt, trop facilement et en devient presque invraisemblable. Sinon, le récit reste positif et il peut sans doute intéresser les plus jeunes ou les lecteurs effrayés par la grosseur des volumes…

 

Brise glace

 Brise glace
Jean-Philippe Blondel
Actes Sud Junior, 2011

 Le poids si lourd des secrets

     Par Maryse Vuillermet

 Aurélien, jeune lycéen de dix-sept ans, cherche par tous les moyens à passer inaperçu.  Surtout que personne ne le remarque, ne lui adresse la parole, c’est tout ce qu’il demande. Il broie du noir,  n’imagine pas son avenir, ni son bonheur.

Pourtant, Thibaud, un garçon de sa classe,  lui parle, l’invite à une fête, à une soirée sympa, essaye par tous les moyens de le  sortir de  sa réserve, de sa déprime.

 Bien-sûr, Aurélien aimerait vivre, sortir, avoir des amis, mais des obsessions  le tourmentent et lui font préférer la solitude.  Qu’a-t-il vécu ? Qu’a-t-il fait de si horrible ? Quel est ce secret qui lui bloque la gorge quand il essaye de  le dire ?

 Alors, peut-être pourra-t-il le slamer ?  C’est ce qu’espère Thibaud en l’initiant aux soirées slam, une poésie orale qui s’improvise et se dit en public.

Beau dialogue d’adolescents tourmentés, plongée intéressante dans le petit monde des slameurs. Et une série de péripéties bien menées entre amour  et amitié naissants, trahisons supposées, révélations…

 Et quel que soit le moyen d’expression, SMS,  texte écrit  et passé  dans l’angoisse à l‘ami, slam crié en public, les secrets,  une fois dits,  pèsent moins lourds et  perdent  leur pouvoir mortifère.

Le Bal d’anniversaire

Le Bal d’anniversaire
Lois Lowry
Traduit (anglais) par Agnès Desharte
L’école des loisirs (Neuf), 2011

Vive l’école, à bas les bals !

Par Anne-Marie Mercier

On a connu Lois Lowry plus inspirée, plus percutante (avec le célèbre Le Passeur, en science fiction, avec Les Willoughby, pastiche de roman réaliste, ou encore avec L’Elue, beau récit initiatique proche de la fantasy). Ici, elle s’essaie au conte et accumule les stéréotypes, tout en modifiant quelques traits sans pour autant être très originale.

Une princesse s’ennuie ; comme elle va avoir seize ans, un bal est annoncé où elle choisira un époux. Pour voir un peu le monde avant cet événement bien ennuyeux lui aussi, elle échange ses vêtements avec sa femme de chambre (histoire type « Le Prince et le pauvre » de Mark Twain (1882) reprise par Disney, Fleischer, Foster, etc.) et va à l’école sous un faux nom. Elle y découvre les charmes de l’apprentissage et du jeune maître. Quant aux fiancés, ils sont tous aussi laids et ridicules que possible, on devine la suite. Certains passages de caricature outrée feront rire les très jeunes lecteurs, le côté romantique et sage plaira peut-être à quelques très jeunes lectrices : le classement en collection « neuf » malgré la longueur de l’ouvrage est judicieux.

Le site et le blog de l’auteure sont intéressants : j’y ai appris que les Mystères de Harris Burdick de Chris Van Allsburg (publié en 1984) venait d’être enrichi de nouvelles écrites par différents auteurs (Jon Scieszka, M. T. Anderson, Walter Dean Myers, Jules Feiffer, Louis Sachar , Stephen King , Sherman Alexie ) sous le titre de The Chronicles of Harris Burdick (voir l’article du Sunday book review) : je n’ai pas trouvé de traduction française : à quand ?

 

 

 

Le Dernier Jour de ma vie

Le Dernier Jour de ma vie
Lauren Oliver
Traduit (anglais, USA) par Alice Delarbre
Hachette (Black moon), 2011

Antidote à l’idiotie, ou : la chick-lit comme outil philosophique

Par Anne-Marie Mercier

Conseil à ceux qui ont à la maison (ou pas loin) une adolescente insupportable, narcissique et grégaire : vite, offrez lui ce livre. D’abord, elle l’aimera, puis il la fera (horreur !) réfléchir.

Dans un premier temps, avouons-le, ce livre tombe des mains tant il donne l’impression d’être complice de la lectrice visée. On a l’impression de lire un volume de la série des L. B. D. (« Les Bambinas Dangereuses » de Grace Dent, gros succès commercial – voir ma non-chronique du t. 2 ), centré sur les choses capitales comme : sortir avec le garçon le plus canon du lycée, décider avec ses copines de ce qu’on va porter pour la fête, être celle qui aura le plus de roses le jour de la saint Valentin, voir la tête de celle(s) qui n’aura pas de rose ce jour là, faire une mauvaise blague à celle(s) qu’on n’aime pas (en général, des moins riches, moins belles, etc. que soi)… la liste serait longue. L’héroïne fait partie d’un groupe de copines « populaires », de celles qui font la pluie et le beau temps dans le lycée Jefferson, célèbre pour son taux de suicide et de consommation d’alcool (des points qui seront confirmés par cette histoire).

On s’accroche, parce qu’on sait que ce roman au titre anglais polysémique et évocateur (Before I fall) a eu un succès mondial (nominé par RT Book Reviews en 2010 dans la catégorie « Best Young Adult Paranormal/Fantasy Novel » et que Lauren Oliver est l’auteur de Delirium que Sophie Genin a beaucoup aimé, écrivant que « Ce roman devrait être mis entre toutes les mains adolescentes ».

Mais, après ce premier chapitre consternant (et d’une écriture aussi pauvre que les pensées de la niaise héroïne), les choses s’arrangent. D’abord, elle meurt, ouf ! Mais pas pour renaître en ange (pitié, non !). Les chapitres suivants commencent tous au même matin du 14 février avec une héroïne qui est la seule à se souvenir des expériences et découvertes du jour « précédent » (on pense au beau film « Un jour sans fin »). Six chapitres se succèdent sur le même modèle, six étapes dans la découverte de la vacuité de sa vie et de sa responsabilité dans les drames de cette journée. L’incrédulité et la panique font place progressivement à l’analyse et à l’éclosion d’un sens moral – jusqu’ici enfoui sous des comportements grégaires et des postures.

Ce sont aussi six tentatives pour infléchir  le cours de cette journée et se racheter.  Que l’entreprise soit difficile et presque désespérée est une des belles idées de ce roman philosophique : le hasard et la fatalité, la vie et la mort, mais aussi l’amitié et l’amour, la famille et le groupe (l’ « embrigadement » évoqué dans Delirium est ici vu à l’échelle d’une génération), sont évoqués à travers une intrigue et des interrogations intéressantes ; il est cependant un peu dommage que tout ramène à la nostalgie de l’enfance perdue (forcément pure) et au retour aux valeurs familiales (seules bases solides).

Sur cette écriture en contraste :

J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de romans pour adolescent(e)s composés de la même façon : un premier chapitre accrocheur, niais et mal écrit, puis progressivement une amélioration (voir Promise de Allie Condie ). Serait-ce un procédé conscient de captation du lectorat? ou bien une imitation du roman de Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon, dans lequel le niveau d’écriture et de réflexion varie avec celui du narrateur ?