Dans ta tête

Dans ta tête
Matthieu Maudet
L’Ecole des Loisirs, 2021

Les neurosciences pour les tout-petits

Par Christine Moulin

Le fait est bien connu: le cerveau ne connaît pas la négation et il suffit de dire à quelqu’un de ne pas pas penser à quelque chose pour qu’il y pense! C’est sur ce principe qu’est fondé l’ouvrage Dans ta tête, un album répétitif qui devient progressivement une histoire, grâce à la collaboration et à l’imagination du lecteur, sollicitées dès la première page: « Bonjour! Pour cette lecture, je vais avoir besoin de toi et surtout de ta tête! ». Les personnages et les divers éléments du récit sont introduits petit à petit de façon paradoxale, et comique: il NE faut PAS penser à un éléphant, à un parapluie, etc. et bien sûr… ce qui doit arriver arrive! Du coup, le tout-petit peut, sans coup férir, se rendre compte que lire, c’est se représenter les choses, faire des liens entre elles pour transformer le catalogue en événements qui se succèdent et qui sont liés par des relations de cause à effet, mais surtout… qui font rire! Le format cartonné, les illustrations colorées, très lisibles, la typographie qui met en relief les mots importants sans didactisme intempestif, tout est au service de cette métacognition subtile et joyeuse! Et last but not least, l’auteur n’a pas oublié la petite note tendre en forme de dédicace: sur la quatrième de couverture, qui pose la question clé, « Et là tu penses à quoi? », une réponse se glisse discrètement: « Moi, c’est à Abel. »

Esther Andersen, Timothée de Fombelle

Esther Andersen
Timothée de Fombelle
Gallimard jeunesse, 2021

 

Vacances inoubliables

 

 Maryse Vuillermet

 

Un petit garçon va chaque année en vacances chez son oncle Angelo. Or, cette année-là, il décide de rouler en vélo plus loin que d’habitude, et il découvre en même temps la liberté, la griserie du lointain, la plage, la mer et l’amour fou d’Esther.

C’est difficile de décrire la grâce et la beauté de cet album. Le texte dresse avec délicatesse le portrait de l’oncle, son originalité, sa fantaisie, son désordre mais surtout son amour immense pour le petit vacancier qu’il comprend sans paroles.  Cet oncle est si farfelu et si pauvre qu’il pourrait faire honte au petit garçon, mais quand il s’agit de retrouver un chien perdu, il est à la hauteur de la situation, il fait preuve d’intelligence « je fais mes déductions, je connais mon affaire », d’intelligence du cœur.  Et ce petit garçon qui n’a jamais vu la mer, est-ce honteux, il demande à Esther « tu trouves ça bête ? ça te fait rire ?  Non. »  En un mot, voilà le petit garçon rassuré, et toute l’histoire est de la même veine, tout est suggéré, effleuré.

L’album raconte aussi la liberté, le bonheur simple de ces moments, l’amour immédiat pour Esther, sa recherche.

Les dessins d’Irène Bonacina s’accordent à cette douceur, elle dessine la grâce des silhouettes légères d’Esther, de l’oncle Angelo et du petit garçon, les paysages de la côte, l’immensité de la mer et l’émotion de la première baignade…

 

La fourmi, l’oiseau et le vaste monde

La fourmi, l’oiseau et le vaste monde
Niels Thorez, Valérie Michel (ill.)
Editions courtes et longues, 2021

Fable cruelle

Par Christine Moulin

 

Une fourmi croit avoir fait le tour du monde et le connaître parce qu’elle a pris la carte pour le territoire, ou plutôt la mappemonde pour la terre. Son orgueil et sa suffisance sont évoqués dès le début de l’album: sur la première double page, elle est affublée d’une ombre immense mais, à peine la page tournée, le lecteur doit la chercher pour la dénicher sur le globe où elle se tient. Un dessin ici vaut mieux qu’un long discours. Pourtant, un long discours, il y en aura un: celui de la fourmi qui veut absolument raconter ses aventures d’abord à une salle vide, puis à un oiseau à qui on ne la fait pas et qui la remet à sa place, par ses propos (« Mais vous êtes plutôt fanfaronne, menteuse/Qu’exploratrice, nomade, globe-trotteuse »), et par un coup d’aile qui, littéralement, envoie la fourmi au tapis.

Comme il se doit, le narrateur nous délivre la morale de cette fable, en vers, s’il vous plaît, comme au bon vieux temps. Le lecteur apprend donc à se méfier des « charlatans qui ont leur orgueil pour étalon ». A l’heure où l’on se vante, sur les réseaux dits sociaux,  des « meeeerveilleux voyaaages » que l’on a faits, à l’heure, surtout, où, quel que soit le domaine, le paraître compte plus que la vraie connaissance faite d’humilité et d’expérience,  la leçon peut être précieuse. Mais pour les jeunes lecteurs, il faudra sans doute en accompagner la découverte car le vocabulaire, la syntaxe et même le propos sont exigeants et pourraient paraître ardus. Il est vrai que les splendides illustrations qui jouent sur les échelles aident vraiment à la compréhension et contribuent beaucoup au plaisir de lire cet album.

 

Le Château des papayes

Le Château des papayes
Sara Pennypacker
Traduit (anglais, USA) par Faustina Fiore
Gallimard jeunesse, 2020

Faire société

Par Anne-Marie Mercier

Ce roman est un beau cadeau pour tous les enfants mal dans leur peau, mal en société, décalés par rapport aux attentes de leurs parents, solitaires, rêveurs, un peu potelés et allergiques aux collectivités d’enfants. Au début du roman, Ware dont on vient de lire le portrait est en vacances chez sa grand-mère, et c’est du fond de sa piscine où il rêve qu’il assiste sans rien comprendre à l’arrivée des secouristes qui viennent pour elle, beau résumé de son attitude de retrait involontaire. La suite le montre chez ses parents, qui l’inscrivent à un centre de loisirs pour l’été, horreur absolue pour lui (la description des hurlements et des mouvements réglés des enfants, l’injonction à voir un projet de vie et à être positif, tout cela  est raconté avec un bel humour grinçant).
Très vite, il feint de s’y rendre chaque jour et se réfugie dans un terrain vague où s’active une fille de son âge, Jolène, qui a bien d’autres difficultés avec la vie, familiales, économiques et sociales. Elle y plante des papayers afin de récolter et vendre les fruits. Son organisation pour amender et irriguer le terrain, protéger les plants, réfléchir aux problèmes lorsqu’ils se présentent fait un beau contraste avec le comportement enfantin de Ware, d’abord tout occupé à se construire un château du moyen âge dans les ruines de l’église qui borde le terrain.
Mais progressivement les enfants s’apprivoisent l’un l’autre et Ware, tout doucement, évolue : c’est un autre enfant, beaucoup plus mûr que découvriront ses parents lorsqu’ils finiront par le voir vraiment, à la fin de l’été, un enfant qui restera non conforme, mais qui se sera affirmé dans sa posture et dans son regard : un futur artiste ? Entretemps, Ware et Jolène, aidés d’une jeune écologiste auront tenté de faire front contre un projet immobilier qui menace leur terrain. Et comme le dit Jolène, puisqu’on n’est pas dans le monde des Bisounours, ils échoueront, mais quand même pas sans quelques victoires.
C’est l’une des qualités de ce beau roman qui part de peu, et procède pas à pas, en chapitres très courts mais tous chargés de sens à l’intensité croissante : il montre que la littérature de jeunesse peut refuser le monde des Bisounours sans désespérer pour autant la jeunesse et sans lui mentir.

Pourquoi tu pleux ?

Pourquoi tu pleux ?
Anne Crahay
Didier Jeunesse 2021

La joie venait toujours après la peine

Par Michel Driol

De nos jours, les émotions sont au nombre des sujets les plus traités par la littérature de jeunesse. Cet album prend le parti du pas de côté, du jeu avec la langue, du dialogue imaginaire entre une petite fille et son chat pour aborder, sans les nommer, les sentiments et émotions. Aux questions du chat qui voit qu’elle pleut, la petite fille répond par un vocabulaire météorologique : averse, orage, bourrasque, tempête… jusqu’au cri libérateur et intralinguistique qui met un terme à l’émotion et permet de se consoler avec une tempête de bisous…

Ce dialogue improbable met en scène deux personnages bien caractérisés : un chat naïf et plein de sagesse, une petite fille qui n’a pas les mots pour dire ses émotions, et passe donc par des métaphores. Au lecteur de décoder s’il s’agit de colère, de fatigue, de tristesse, d’ennui… à travers les illustrations expressives et colorées : d’un côté les yeux grand ouverts du chat, de l’autre le visage quasi stylisé de la fillette. Avec poésie et humour, l’album dramatise puis dédramatise donc les larmes. La poésie est bien sûr liée au jeu avec la langue, aux métaphores, à l’amplification ; l’humour vient du dialogue avec le chat, mais surtout des illustrations, dans lesquelles on suivra avec attention les métamorphoses d’un parapluie. Usant de techniques variées (dont le papier découpé), les illustrations entraient les personnages dans des situations tout à la fois quotidiennes et imaginaires.

Un album sensible et poétique dans lequel les lecteurs reconnaitront sans doute différents moments de leur vie.

L’été de tous les possibles

 L’été de tous les possibles
Jennifer Niven, (trad.  Vanessa Rubio-Barreau)
Gallimard jeunesse, 2021

 

Chagrins et premier amour

 Maryse Vuillermet

 

 

 

Après avoir adoré Tous nos jours parfaits,  http://www.lietje.fr/2016/03/22/tous-nos-jours-parfaits/     j’attendais beaucoup de ce roman. Or, j’avoue que j’ai eu du mal à me laisser prendre par cette histoire d’adolescente dévastée par le divorce de ses parents. Et j’ai eu du mal aussi avec « l’ambiance très américaine » : fin des années au lycée, cérémonies de remise de diplômes en grande pompe, discours de la meilleure élève, parents drôles, gentils, universitaires qui disent toutes les cinq minutes à leurs enfants « je t’aime » et meilleure amie depuis l’enfance qui dit aussi toutes les cinq minutes « je t’aime ».

Bref, il m’a fallu du temps pour entrer dans l’histoire. Une fois sur l’ile où la narratrice passe ses vacances avec sa mère et rencontre le beau Mia, le récit retrouve un peu d’intérêt grâce à la présence d’une nature sauvage,(les tortues viennent pondre sur la plage, on croise des serpents et des alligators), et à l’histoire des habitants, les ancêtres de Claudine sur lesquels sa mère fait des recherches.

Mais bon, un léger ennui a régné sur ma lecture, désolée.

 

 

Bearmouth

Bearmouth
Liz Hyder
La Martinière Jeunesse 2021

Mineur de fond…

Par Michel Driol

Le fond d’une mine, à une époque non définie (sans doute le XIXème siècle). C’est là que Crapouille pousse les wagonnets de charbon, sans jamais remonter à la surface. Il apprend aussi l’orthographe, grâce à son ami Thomas, ce qui lui permet d’écrire à sa mère, dont il ne reçoit jamais de réponse. Lorsque Desmond arrive au fond de la mine, il apporte avec lui des idées d’émancipation et de liberté.

Meilleur roman jeune adulte selon de nombreux journaux anglais, cette Gueule d’Ours ne laisse pas indifférent. D’abord par l’écriture, qui respecte l’orthographe phonétique du narrateur. Le Seigneur devient ainsi le Saigneur… Ensuite par ce qu’il dit de la violence du monde dépeint : violence du Maitre de la mine et de la hiérarchie, toute puissante, violence  des rapports entre les ouvriers, violence de l’abrutissement dans la bière les jours de paie ou le dimanche, violence du travail forcé des enfants au fond des couloirs sombres, violence de l’univers concentrationnaire ainsi raconté par un narrateur d’une dizaine d’années qui n’a que de lointains souvenirs du soleil et de la ferme natale. C’est aussi un roman d’apprentissage dans lequel le héros se révèle à lui-même dans son identité et dans ses capacités, passant, sous l’influence de Desmond, de sa soumission à l’ordre « normal » des choses à la révolte, en découvrant la réalité de l’exploitation à travers quelques expériences. L’ordre social, la religion qui le fait perdurer sont ainsi remis en cause dans ce roman dont les personnages ne sont pas épargnés par l’autrice : beaucoup meurent dans des accidents ou sont tués. Si l’histoire est censée se passer au XIXème siècle (conditions de travail dans les mines, habillement du Maitre de la mine…), elle parle de notre époque : du travail des enfants dans d’autres mines de métaux rares, soumission à la religion qui préserve l’ordre social, attouchements sur les enfants, capacité à se révolter, question du genre aussi.

Un roman fort qui s’ancre dans le passé pour décrire notre univers, à la façon des dystopies.

avec toi, Delphine Grenier

 avec toi
Delphine Grenier,
Didier jeunesse, 2021,

 

Fondu-enchainé de tendresse

 Maryse Vuillermet

 

 

 

Cet album raconte toutes les situations que peut   vivre un petit animal avec son parent, du réveil au coucher :   » avec toi, je me réveille ; avec toi, je suis bien ; avec toi, je me régale ; avec toi, je chante… »

Ce qui fait la force de cet album avec très peu de texte, c’est la beauté des illustrations aux couleurs intenses et profondes et la tendresse heureuse qui s’en dégage avec force. Les animaux (ours, chiens, chats, renards, oies…) et leurs petits ont une présence exceptionnelle.  Et leurs attitudes de confiance, d’abandon, de complicité, d’intensité de vie racontent aussi notre propre vie, nos relations humaines entre parents et enfants, notre présence au monde.

 

Anne d’Avonlea

Anne d’Avonlea
Lucy Maud Montgomery
Traduit (anglais, Canada) par Isabelle Gadoin
Monsieur Toussaint Louverture (Monsieur Toussaint l’aventure), 2021

Anne de Green Gables, l’enfance renouvelée

Par Anne-Marie Mercier

Anne d’Avonlea, deuxième tome des aventures d’Anne de Green Gables (ou de la maison aux pignons verts – voir notre chronique du 1er volume), a le charme du précédent, dans un autre genre : ce n’est plus l’histoire d’une orpheline désespérée qui cherche maladroitement sa place, mais celle d’une jeune fille qui débute dans la vie avec une famille (sa mère adoptive, Marilla, reste bien présente), des amis, des voisins, quelques ennemies (il en faut !), un travail, des projets d’avenir…
Cependant, on retrouve le caractère de l’héroïne, sa maladresse qui donne lieu à des épisodes très drôles, son enthousiasme (la visite de l’écrivain est un grand moment), ses scrupules de jeune enseignante (faut-il punir les élèves, les frapper, comme le font les autres instituteurs ?), son romantisme et son amour de la nature. On retrouve la vie du village, ses secrets (certains sont dévoilés), les projets d’embellissement de ses jeunes, conduits par Anne et Gilbert, auxquels Marilla répond avec son bon sens parfait que « les gens n’aiment pas qu’on les embellisse ». On retrouve aussi la mentalité paysanne résignée à travers la servante de Madame Lewis, Charlotte IV, qui espère le meilleur tout en s’attendant au pire,  et avec bien des personnages secondaires, au fil des chapitres, qui offrent une image pittoresque de l’Ile du Prince Edouard où se déroulent ces histoires. Les paysages sont toujours décrits et nommés par Anne comme des lieux enchanteurs et presque magiques et le Pavillon aux échos de mademoiselle Lavande, la fiancée qui attend depuis toujours son aimé, en est un bon exemple.
Les émerveillements d’Anne enchantent et font du bien : ils invitent à regarder le monde avec un œil neuf et à se réjouir immensément avec peu : même si Anne grandit, elle reste par-là une éternelle enfant. Lucy Maud Montgomery, dans un style enlevé bien traduit et un récit très rythmé, nous entraine dans son sillage. C’est drôle, émouvant, poétique, parfois caustique, toujours généreux.
Un petit régal, de 13 à 103 ans. Le livre est en lui-même, comme le premier tome, un bel objet.

 

Old soul, Nancy Guilbert

Old soul
Nancy Guilbert,
Editions courtes et longues, 2021

 

 « La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents » Boris Cyrulnick

 Maryse Vuillermet

 

 

 

Ce roman choral a une unité de lieux :  une région du Canada, sauvage, boisée, qui est encore traversée par des loups, des orignaux, et qui conserve la mémoire des Nations premières.

Les personnages, Brindille, Will, Emâ et Mahikan ont en commun un abîme de souffrance. Ils s’expriment tour à tour.  Brindille vit dans une famille recomposée, avec sa mère, son petit frère aveugle, son beau-père et son demi-frère. Elle et son petit frère sont humiliés, frappés par leur beau-père et leur demi-frère. Elle tente de protéger son petit frère aveugle, comme elle peut.  Sa mère, qui a épousé sur un coup de tête, cet homme cruel et est venue habiter avec lui et son fils, fait semblant de ne rien voir, et même quand Brindille se plaint, refuse d’intervenir. Will est un jeune infirmier dans un service pédiatrique où les enfants malades ou grands-prématurés sont pris en charge.  Emâ vient de France, elle est soignante dans un parc animalier qui protège les loups, elle est passionnée de ces animaux élégants, solidaires et fidèles. Elle tient un blog où elle raconte sa vie avec eux, on ne sait pas pourquoi elle est venue de si loin.  Mahikan est un jeune Amérindien, qui, pour ne pas aller à la pension des Blancs, des centres de redressement qui inculquent aux Amérindiens la honte de leur culture, a fui sa famille et vit dans la forêt.  Il a aménagé une grotte et rencontre parfois un loup solitaire qu’il nourrit.

Vous comprenez donc que le thème est la fuite et la quête de l’amour pour tous ces jeunes malmenés, frappés par des adultes violents ou abandonnés par leurs parents, en effet, aucun ne se laisse détruire. Tous sont passionnés par la nature, les animaux ou encore les tout petits êtres qu’on croit incapables de communiquer, comme les bébés.  Brindille et son petit frère connaissent très bien les oiseaux, leur chant, leurs couleurs, leur habitat, Emâ est une spécialiste des loups et Mahikan a hérité de son grand-père la connaissance des animaux, de leur mode de vie et un certain animisme, une façon de communiquer avec eux.  Will est passionné par son métier, les enfants malades et se prend d’une immense affection pour un bébé abandonné. Lui aussi, à sa manière,  prouve qu’on peut communiquer avec les tout petits bébés, même très prématurés et que, dès cet âge, l’amour  est nécessaire à leur survie.

Ces passions les aident à vivre, à prendre des décisions et les consolent de leurs souffrances.  Dans leur quête, ils ont parfois des personnages tutélaires, grands-pères, pères, souvenirs vagues d’une mère ou des esprits qui les protègent.

Brindille va avoir le courage de fuir avec son petit frère.  Mohikan s’est échappé dans la forêt mais rôde autour de la pension pour Amérindiens en veillant de loin sur ses plus jeunes frères et sœurs qui y sont enfermés.  Emma en soignant les loups, en parcourant leur domaine, en tentant de les protéger des braconniers et des chasseurs stupides, se répare aussi. On comprend que Will, en veillant sur le bébé, revit son propre passé mais il en change la perception aussi.

L’ensemble est très vivant, parce qu’on a les points de vue des quatre personnages, donc leurs quatre univers, mais aussi une grande variété d’énoncés : des extraits de blog avec commentaires d’Emâ, des extraits de chansons, des extraits du journal de naissance que Will écrit pour que le bébé, pour qu’elle garde la mémoire de ses premiers jours, des extraits de prières et des mots du lexique Atikamekw avec leur traduction…

A la fin, les histoires des quatre personnages se relient, et c’est encore une belle surprise.