Le Gâteau tout seul

Le Gâteau tout seul
Isalbelle Damotte / Cathy Gagnaire
Soc et Foc 2017

Le gout des choses, le gout des mots

Par Michel Driol

Un recueil de poèmes aux titres alléchants, évocateurs  des dimanches en famille ou des gouters d’enfants : la tarte aux pommes, le flan Ancel, le riz au lait, la régionale tarte aux blettes ou l’improbable gâteau de fromage de vache et salsifis confits aux oranges sanguines. Le premier texte donne le ton : nostalgie d’un temps perdu, souvenirs émus d’une Mamie Pomme disparue, fée perdue en chemin, laissant orphelins les petits enfants, avec le poids de l’absence, à la fois si léger et si lourd : manquait le poids de trois fois rien… Mais on peut refaire les gestes appris, devenus familiers, trancher les pommes, les assembler en rosace et retrouver les émotions du passé. Le recueil dit cet entre-deux, entre transmission et absence, à partir de sensations simples, de rituels, de complicité. Le recueil dit aussi le temps qui passe, les deuils, les enfants qui grandissent et partent, la perte aussi avec ces souvenirs des gâteaux de l’enfance que l’on n’a jamais réussi à refaire, à l’identique.

Si le recueil dit l’absence et le manque, il dit aussi le désir et la gourmandise. Désir enfantin de profiter des pignons sur la tarte, ou de la cerise sur le gâteau. Le recueil parle de plaisirs partagés, plaisirs simples d’une pâtisserie familiale qui se transmet de mère en fille. Tout se joue autour de quelques pronoms : elle et tu, parfois je et vous. Elle, c’est surtout la fée grand-mère, la mère. Je et tu incarnent plutôt des figures féminines et enfantines, comme en écho, écho de l’auteur, écho du lecteur, figures de l’enfance éternelle. D’autres figures de l’attente et du public s’inscrivent aussi dans le texte : celle des grands, pour qui l’on prépare du pain perdu, au cas où ils passeraient pour le diner, grands pour qui l’on dépose sur la table les serviettes qu’ils ont d’abord noué autour de leur cou avant de les mettre sur leurs genoux. Vous enfin figure du public, réclamant pour la fin quelque chose de gai, mais hors de la portée d’une pâtissière experte en mots…

Plaisirs simples de l’enfance, situations de la vie quotidienne, parfois  plus ascétiques, comme le pain et les pâtes de fruit du pensionnat, décrits dans une langue simple, joueuse et accessible à tous : le recueil invite à profiter avec gourmandise des mystères magiques de l’instant et à se plonger dans les souvenirs. Les illustrations colorées de Cathy Gagnaire,  avec une technique mixte, prolongent en douceur cette évocation.

Onze ours

Onze ours
Nathalie Wyss, Pascale Breysse
L’initiale, 2019

 

Affronter ses peurs, mais pas tout seul

Par Anne-Marie Mercier

Les onze ours veillent sur l’enfant, « en peluche, en dessins, en tableaux, dans des cadres, en statuette » ; on découvre leurs noms en fin d’album : Malika Malabar, Valentine Vaillante, Colin Colosse (le plus petit), Diégo dégourdi… On peut les compter sur la couverture ou au fil des pages.
Mais ces images, doudous, etc, censés rassurer ne tiennent pas toujours face aux peurs. Celles-ci envahissent le blanc de la page, recouvrent les belles couleurs, dispersent les ours. Il faut l’intervention de la mère de l’enfant en ce cas. Elle rassure, rappelle la présence des ours tutélaires, mais on comprend que cette fiction ne tient que parce que la présence bien réelle de la mère les soutient.
Ce petit album se rattache à la collection des ouvrages philosophiques de l’Initiale (jeune maison d’édition installée à Marseille) avec son format carré. Mais il est surtout un superbe livre, aux illustrations qui mêlent délicatesse du trait et force des couleurs, les rehauts sombres à l’aquarelle tranchant sur les papiers découpés et crayonnés colorés et brillants. On peut feuilleter les premières pages sur calaméo.

Voir la fiche philo : http://linitiale.unblog.fr/peur/

 

La Brodeuse d’histoires

La Brodeuse d’histoires
Martina Aranda
CotCotCot éditions, 2019

Coudre le sens

Par Anne-Marie Mercier

Mila a déménagé. Ses livres sont toujours dans des cartons, elle est un peu désœuvrée tandis que les adultes œuvrent à tout mettre en ordre. Elle fait la connaissance de la voisine du rez-de-chaussée. Elle brode des fleurs à longueur de journée, mais à Mila elle raconte des histoires, en commençant par la vie des artistes du quartier, mais elle refuse de lire de nouvelles histoires, et Mila découvre qu’elle n’a ouvert aucune des lettres qu’elle a reçues depuis la mort de son mari et que sa vie s’est arrêtée.
Le mystère n’est pas éclairci, tout est laissé en suspens, délicatement. L’implicite est également dans les illustrations, délicates, incomplètes, laissant des blancs entre les éléments simples et proposant de rares touches de couleurs comme autant d’indices pour saisir la vie de cette femme.

epidemie

Petit rappel pour les amateurs de littérature de jeunesse : la série des U4 mettait en scène sur quatre tomes des héros et héroïnes (2+2) de 4 régions différentes (Paris, Lyon, Marseille, Bretagne) dans un contexte d’épidémie mondiale tragique : tous les plus de 18 ans ou presque ayant été touchés par un virus.
Voir les chroniques sur lietje :

Bonnes lectures !

Mutjaba et les habitants du square Laurent Bonnevay

Mutjaba et les habitants du square Laurent Bonnevay
Anouck Patriarche, Lilas Cognet
Amaterra/ Lyon Métropole Habitat, 2019

Couleurs du monde, quartier de Lyon

Par Anne-Marie Mercier

Lorsque la Métropole de Lyon décide en 2015 de démolir un grand ensemble construit dans les années 1950, l’émotion est grande chez les habitants, qui, tout en constatant que l’ambiance des débuts n’ y est plus et que les combats pour la drogue ont remplacé l’entraide, se demandent où ils vont aller. Cet album, mais aussi des expositions, animations dans les écoles (Anatole France), lycées (option théâtre, Bron), recueils d’interview, etc. ont été créés pour accompagner cet événement et tenter d’en diminuer la part traumatique.
Les différents événements sont représentés dans les dernières pages de l’album, montrant les acteurs de toutes ces manifestations et donnant des extraits en photos sous la forme de petites vignettes.
L’album propose le parcours d’un pigeon, forcément voyageur, nommé Mutjaba, qui débarque dans la barre nommée UC1 et fait la connaissance des habitants, de leurs musiques, cuisine, vie, décors… jeunes et vieux, blancs et noirs ou de toutes les nuances, soudés par des histoires similaires d’exil, de réinsertion, d’envie de vivre.
Graphisme superbe, pleines pages vivement colorées, texte sensible, l’ensemble (grand !) est très réussi et illustre, dans tous les sens du mot, un moment de vie d’une communauté disparate qui semble n’être liée par rien et qui au contraire vit une forte et même histoire.
un CD offre un extrait des musiques évoquées dans l’album : musiques d’Arménie, d’Arabie, du Sénégal, jazz, créole, flamenco.. « couleurs » musicales qui complètent celles de la palette de l’illustratrice.

La Pierre de lune

La Pierre de lune
Rémy Simard
La Pastèque, 2019

Sortie scolaire intersidérale

Par Anne-Marie Mercier

Madame Ginette, institutrice, emmène ses élèves au Cosmodôme. « Échappant à sa vigilance » comme on dit, et rusant avec les gardiens, deux de ses élèves volent une fusée et débarquent sur la lune, pour aider leur amie Lucie qui, dit la maitresse, est toujours dans la lune…
Le propos est mince, les situations classiques (pluie de météorite, rencontre d’un monstre, etc.), mais les illustrations sont explosives et drôles. Pour les élèves du Québec qui ont l’occasion de visiter ce lieu (situé à Laval) où l’on cherche à les mettre en immersion cela doit être un joli souvenir.

 

La Légende du roi errant

La Légende du roi errant
Laura Gallego Garcia
Traduit (espagnol) par André Gabastou
La joie de lire (hibouk), 2019

Aventures en poésies

Par Anne-Marie Mercier

Il était une fois, un prince… beau, brave, intelligent, savant, et surtout poète. Et le conte s’arrête là dans sa dimension simple et linéaire.
En effet, la suite introduit de la complexité, de la souffrance, de la contradiction et du hasard. Le héros change, contrairement à la plupart des personnages des contes, et le point de vue du lecteur également. Walid, prince de Kinda, ne se mariera pas pour devenir roi à son tour : il deviendra «roi errant».
Ce conte, riche et néanmoins très facile à lire, est d’abord celui d’une chute : Walid ne supporte pas qu’un simple tisseur de tapis compose une poésie plus belle que la sienne lors de chaque concours annuel, et qu’ainsi il l’humilie et surtout l’empêche de concourir au grand rassemblement de poésie d’Ukaz, où se retrouvent les meilleurs poètes du monde. La vengeance de Walid sera cruelle et lente, comme le sera en retour son long cheminement vers le remord et l’expiation, le dépouillement de tout ce à quoi il tient, jusqu’à la vie même.
Que la poésie soit au cœur d’un livre d’aventure est une belle surprise et on apprend beaucoup sur l’art des poètes arabes de la période pré-islamique, et leurs qasida avec leurs trois parties, nasib, rahil, madih (le thème de la femme aimée et disparue, le voyage dans le désert, l’éloge du prince…). Que cette poésie soit le but de toute une vie, ce à quoi on aspire, plus que les richesses ou le pouvoir, ou l’amour même, est aussi un beau sujet. Que le cœur et donc ce qu’on a vécu et la manière dont on a vécu soit le feu qui nourrit les plus beaux poèmes ajoute encore à l’intérêt du propos.
La quête de Walid, parti à la recherche d’un tapis maudit, et trouvant au bout de son errance la vraie poésie et un sens à sa vie qui, dans le même mouvement, le fait disparaitre, évoque un peu celle du Rahat Loukoum à la pistache du quatrième roi, dans Les Rois mages, roman en forme de conte de Michel Tournier : cherchant une chose, on y ruine sa vie, et on trouve une chose plus précieuse encore. C’est un superbe livre d’aventure, plein de rebondissements, de belles scènes, de paysages exotiques, et de poésie.
Les éditions La joie de lire avaient déjà publié cette traduction en 2013; cette réédition est un beau livre au format poche, avec une très belle couverture, et une belle typographie.

ethel & ernest

ethel & ernest
Raymond Briggs
Grasset jeunesse, 2019

 

« Le tourbillon de la vie »

Par Anne-Marie Mercier

Éthel et Ernest sont d’abord un couple d’amoureux touchant. Elle est femme de chambre, lui livreur de lait ; ils se rencontrent avant la deuxième guerre mondiale (plus précisément, en 1928 – le livre donne régulièrement des dates précises) ; ils se marient, achètent une petite maison en brique avec un jardinet. Ils ont un enfant, Raymond, l’auteur de cette BD, qui livre ici à travers le portrait de ses parents une autobiographie indirecte.
Éthel et Ernest écoutent la BBC (on est en Angleterre), ils s’inquiètent de l’attitude de l’Allemagne, et illustrent la vie quotidienne des Anglais pendant la deuxième guerre mondiale : ils voient leur fils partir à la campagne pour éviter les bombardements, leur maison est touchée par une bombe ; Ernest construit des abris anti-aériens dans le jardin, il devient pompier pour aider les victimes, tous deux sont effarés par l’annonce de l’explosion de la bombe d’Hiroshima.

Ils se disputent un peu à propos de politique (lui est travailliste, elle aime bien Monsieur Churchill), et à propos des évolutions de la modernité (lui croit au progrès et s’enthousiasme pour les changements, elle a des doutes : une page très drôle montre leur dialogue sur la mode de la mini-jupe, une autre sur le premier homme sur la lune, ou sur le téléphone, la légalisation de l’homosexualité). Une machine à laver entre dans leur maisonnette, puis une télévision ; Raymond achète une voiture, Éthel obtient un emploi dans un bureau, son rêve ultime. Ils meurent la même année, en 1971, au moment où l’Angleterre adopte le système décimal.

Le regard porté sur le couple est celui, tendre et parfois agacé, de leur fils. Sa propre vie est esquissée pour montrer le caractère de ses parents, notamment de sa mère, fière de voir son fils faire des études, déçue qu’il ne soit pas officier quand il fait son service militaire – et la guerre de Corée. Elle s’inquiète , comme Ernest, lorsqu’il s’oriente vers des études d’art qui n’amènent pas selon eux à un vrai métier ; il sont rassurés quand il devient professeur (un métier « plus normal »). Elle a toute la dignité d’une femme du peuple qui refuse la vulgarité et le laisser-aller (elle reprend Raymond sur son langage, ne s’habitue pas aux cheveux longs de son fils, ni à sa camionnette) et se préoccupe du regard des voisins. Elle a toute la rigidité qui va avec cette posture, parfois insuportable. Mais malgré ce qu’on devine des tensions entre son fils et elle, le regard porté sur elle comme sur son mari reste tendre et amusé, parfois pathétique au moment de sa mort et de celle d’Ernest, qui la suit de près.

On retrouve l’art de l’auteur du merveilleux Bonhomme de neige, de Lili et l’ours, ou de Sacré Père Noël. Le récit fait alterner de petites vignettes carrées et d’autres plus grandes, ou des pleines pages, présentant tantôt une adhésion au monde, un élan, tantôt un retrait, une absence, ou un enfermement. Presque partout, les dialogues dominent (dans le cas contraire, cela fait sens) et les paroles débordent des cadres. Le dessin et les couleurs, globalement réalistes, s’affranchissent de cette esthétique dans certaines scènes, au profit de l’émotion.
ethel & ernest est à la fois une réflexion sur l’époque (1928-1971), sur la manière d’affronter les épreuves et de vivre les changements, mais surtout une belle et admirable histoire d’amour, aussi bien l’amour qui unit le couple que celui que l’auteur a pour ses parents. La réédition de ce texte, paru en langue anglaise en 1998, est une belle initiative des éditions Grasset qui republient par ailleurs de nombreux classiques. Un film d’animation en a été tiré, réalisé par Roger Mainwood et sorti en 2016.

Mon Pull panda

Mon Pull panda
Gilles Baum, Barroux
Kilowatt, 2017

Tricotage de générosités

Par Anne-Marie Mercier

Cet album, à partir d’une situation simple, propose une réflexion sur le partage, notamment avec les plus démunis, ceux que l’on nomme aujourd‘hui les migrants. La première partie montre une fillette, très attachée à un vêtement : ce pull à capuche est un talisman, un porte-bonheur, un refuge qui la fait ressembler (un peu) à un panda… Lorsque celui-ci est devenu trop petit pour elle, elle comprend et accepte ce que lui dit sa mère : il faut partager les « vêtements porte-bonheur ».
À partir de ce moment elle voit autour d’elle de nombreuses personnes qui portent un vêtement qui a été donné par quelqu’un d’autre, par affection, par entraide, des cadeaux. Le hasard fait qu’elle rencontre la petite fille qui a hérité de son pull. Elle vient d’arriver sans sa classe ; elle ne parle pas la langue, « elle ne comprend rien à ce qui lui arrive ». Le porte-bonheur va opérer, sans recours au surnaturel.
C’est une belle histoire, sans effets excessifs ni apitoiement superflu ; les choses sont énoncées simplement et l’on suit avec intérêt et émotion le parcours de la petite héroïne, dépouillée d’un vêtement qui lui servait d’armure pour mieux se révéler en championne victorieuse contre le malheur.
Les illustrations de Barroux jouent sur cette simplicité et sur la candeur de l’enfant, faisant alterner fantaisie joyeuse et noirceur et jonglant avec différentes techniques (papiers découpés, crayonnés, encres…), qui donnent un grand raffinement à cette simplicité.

 

La Disparition de Sam

La Disparition de Sam
Edward van de Vendel

Traduit du néerlandais par Maurice Lomré
L’école des loisirs, 2020 (2012)

Sam, animal singulier

Par Matthieu Freyheit

Parmi les couples enfant-animal, celui qui associe un enfant et un chien n’est certes pas le plus original. Mais enfin : on sait que l’originalité n’est pas tout (ne faisons pas comme s’il n’y avait pas de bonnes et de mauvaises originalités, écrivait Anatole France). Le couple formé par Kix (l’enfant) et Sam (le chien) s’ajoute donc à celui formé par Belle et Sébastien, Boule et Bill, etc., mais c’est ici le chien qui est mis en avant par le titre, comme il l’était déjà dans le premier volume : Le Choix de Sam, publié déjà à L’école des loisirs en 2016. La lecture du premier volume n’est cependant pas obligatoire (le plaisir la recommande), l’auteur reprenant habilement, et en quelques lignes, les événements majeurs de cette première aventure : Sam, un gros et bon chien blanc caractérisé par un « goût du mystère », a choisi le jeune Kix pour ami et pour famille.

Mais si Kix a souvent le sentiment de comprendre Sam, celui-ci conserve une part de mystère, laquelle se traduit par des disparitions momentanées. Un jour cependant, la disparition se prolonge : Kix ne se résout pas toutefois à l’idée d’avoir perdu son chien et fait tout pour le retrouver. Il est vrai, là encore, que l’histoire ne se singularise pas par son originalité. Elle ressemble, un peu, à ces récits que l’Internet aime à voir circuler de chiens qui disparaissent et retrouvent leurs maîtres, réalisant ce que nous aimons à présenter comme des prouesses. Et pour cause, l’auteur rappelle que son récit est tiré d’une histoire vraie arrivée à la famille de son propre frère (photo de Sam à l’appui !).

La vraie réussite tient cependant dans la capacité à faire du chien Sam un vrai personnage, doté d’une épaisseur assez singulière, et renforcée notamment par la mise en perspective d’une intériorité qui n’est jamais présentée comme effective mais toujours interrogée par des humains désireux de percer le mystère de l’« animal singulier », selon le titre d’un très bel essai de Dominique Lestel. Ainsi le départ de Sam rappelle-t-il, comme le formule Lestel, que « toute ‟initiative” de l’animal s’apparente à une ‟rupture” dans la relation avec l’humain » (p. 29). Une rupture que Kix n’accepte pas et qui, dans ce qu’elle soulève alors d’émotions (la crainte pour l’autre, l’affection physique, l’amour du lien qui se noue), n’est pas sans évoquer cette « domestication mutuelle » théorisée, là encore, par Lestel (p. 53). C’est donc l’expérience de la domestication de soi par l’affection à l’autre que fait Kix, comme celle d’une préparation à l’issue nécessaire de la relation tissée entre deux espèces aux temporalités différentes : en effet, Sam vieillit, comme en atteste son comportement. Ainsi Kix comprend-il que cette domestication mutuelle l’oblige, d’une façon presque éthique, et lui offre l’occasion d’une responsabilité qui non seulement est désormais de son âge mais qui, de surcroît, le grandit : le soin d’offrir à l’autre, par sa jeunesse vigoureuse, une vieillesse heureuse.

Un récit simple et beau, auquel s’ajoutent les illustrations de Philip Hopman qui réalise, pour l’occasion, une couverture vraiment très réussie.